Russie : un registre national pour traquer les mineurs crypto

La Russie intensifie son emprise sur les crypto avec un registre national des équipements de minage, effectif depuis février 2025. Ce système, piloté par le ministère de l’Énergie, vise à traquer les mineurs pour mieux contrôler la consommation énergétique et fiscaliser leurs activités.

D’ailleurs, cette mesure soulève des questions : est-ce une avancée pour la régulation ou une menace pour la liberté des mineurs ? Analysons les enjeux.

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Emmanuel Roux Editor Emmanuel Roux Dernière mise à jour 3 mins read
Russie : un registre national pour traquer les mineurs crypto

Pour Résumer

  • La Russie impose un registre pour surveiller les mineurs crypto.
  • Objectif : contrôler l’énergie et taxer les revenus du minage.
  • Les mineurs illégaux risquent amendes et saisies d’équipements. .

Un registre pour dompter le Far West crypto

La Russie, avec ses vastes ressources énergétiques, est un eldorado pour le minage de Bitcoin. En 2024, le pays représentait 12 % du hashrate mondial. Pourtant, cette activité échappe souvent au fisc.

Effectivement, le ministère de l’Énergie a lancé un registre national pour recenser chaque équipement de minage. Ce système oblige les mineurs à déclarer leurs machines, leur localisation et leur consommation électrique.

Par ailleurs, les données sont croisées avec les registres fiscaux pour traquer les profits non déclarés. Le gouvernement estime que 1,7 milliard de roubles (environ 16 millions d’euros) échappent chaque année aux taxes.

Cette initiative répond aussi à un problème énergétique. Les fermes de minage, souvent installées dans des régions reculées comme la Sibérie, consomment jusqu’à 2 % de l’électricité nationale. En 2023, des pannes locales ont été imputées à des mineurs illégaux. Alors, les autorités veulent identifier ces acteurs pour éviter les surcharges.

Mais ce registre divise. Car certains mineurs y voient une régulation nécessaire pour légitimer l’industrie alors que d’autres craignent une surveillance accrue, limitant leur liberté. En Russie, où le contrôle étatique est omniprésent, ce n’est pas une surprise.

Des sanctions lourdes pour les récalcitrants

Les mineurs non enregistrés s’exposent à des sanctions sévères. Depuis le 1er mars 2025, toute activité de minage non déclarée est passible d’amendes allant jusqu’à 500 000 roubles (4 700 euros). Pire encore, les équipements non recensés peuvent être saisis.

Cette mesure vise surtout les petites fermes illégales, souvent installées dans des garages ou des entrepôts. En 2024, 3 200 opérations illégales ont été démantelées, selon le ministère de l’Intérieur.

Par ailleurs, les mineurs légaux devront investir dans des systèmes de suivi énergétique, ce qui augmente leurs coûts.  Le registre s’appuie sur une technologie centralisée, développée par Rosseti, le géant de l’électricité russe.

Chaque appareil doit être équipé d’un capteur connecté pour transmettre ses données en temps réel. Cela garantit une transparence, mais soulève des inquiétudes sur la vie privée. Effectivement, les mineurs craignent que ces données soient utilisées à d’autres fins, comme des enquêtes fiscales rétroactives.

Vers une crypto sous contrôle étatique ?

Cette régulation marque un tournant. La Russie, longtemps ambivalente face aux cryptos, semble vouloir les intégrer à son économie tout en les contrôlant. En 2024, le pays a légalisé le minage, mais uniquement pour les entités enregistrées. Ce registre renforce cette logique.

D’ailleurs, le Kremlin voit dans le minage une opportunité. Avec des sanctions internationales limitant ses exportations, la Russie mise sur le Bitcoin comme alternative financière. En 2025, le pays prévoit de lancer un exchange national pour échanger des cryptos contre des roubles.

Cependant, cette centralisation pourrait vraiment décourager les mineurs indépendants. Certains envisagent même de déplacer leurs opérations vers des pays plus permissifs, comme le Kazakhstan. Mais pourtant, avec des coûts énergétiques parmi les plus bas au monde (0,04 €/kWh en Sibérie), la Russie reste attractive.

En conclusion, ce registre est un pari audacieux. Il pourrait stabiliser l’industrie crypto tout en remplissant les caisses de l’État. Mais à quel prix pour la décentralisation, essence même des crypto ? L’avenir nous le dira.


À lire aussi :

Actualités
Articles similaires