Le Rassemblement National dépose une loi pour le minage de Bitcoin

Le Rassemblement National pousse pour un tournant industriel : utiliser les surplus nucléaires français pour le minage de Bitcoin. Quelle légitimité pour une idée déjà retoquée, mais bientôt relancée ?

Oriane Nyikeine Par Oriane Nyikeine Dernière mise à jour 3 mins read
Le Rassemblement National dépose une loi pour le minage de Bitcoin

Pour Résumer

  • Le RN a déposé un amendement demandant un rapport sur l’opportunité de miner du Bitcoin avec les surplus d’énergie nucléaire.
  • L’amendement a été jugé irrecevable, mais l’ADAN compte le redéposer plus tard.
  • L’initiative s’inscrit dans une stratégie de valorisation des excédents électriques et de reconversion industrielle.

Une initiative parlementaire à visée industrielle et énergétique

Le 12 juin, les députés du Rassemblement National, en collaboration avec l’Association pour le Développement des Actifs Numériques (ADAN), ont déposé un amendement s’intégrant à une loi Énergie, poussant vers un assouplissement certain du cadre juridique.

Leur intention est claire : lancer un audit sur la possibilité de valoriser les surplus de production électrique, notamment nucléaire, via le minage de Bitcoin.

Le texte vise à mobiliser les capacités de stockage et à stabiliser le réseau en cas de surproduction, tout en explorant la création d’une filière française de minage à faible émission de carbone.

La proposition repose sur plusieurs constats : d’abord, les centrales nucléaires génèrent à certaines heures des surplus non consommés. Ensuite, le minage étant adaptable en temps réel, il pourrait absorber ces excédents. Enfin, valoriser ces surplus impliquerait la transformation de friches électriques en sites productifs, apportant des retombées locales, industrielles et bien sûr économiques.

Un rejet net et définitif ?

Malgré ses ambitions, l’amendement a été jugé “irrecevable” par l’Assemblée nationale. Cette décision n’entame pourtant pas la volonté du RN ou des acteurs crypto. En effet, L’ADAN a déjà indiqué son intention de reformuler le texte et de le réintroduire dans un autre cadre législatif un peu plus approprié.

Ce refus n’est donc pas un non catégorique pour le moment, mais plutôt une simple question de procédure. Les acteurs du secteur renforcent l’idée que le sujet mérite un débat sérieux, loin des polémiques partisanes. L’objectif étant de forger une logique d’expérimentation encadrée, en impliquant État, collectivités et producteurs d’électricité.

Une stratégie aux multiples enjeux

Outre le fait d’apporter une solution au défi énergétique du surplus, cette initiative permettrait de localiser une partie du minage de bitcoins en France.

L’idée étant de créer une filière nationale en recourant à des équipements efficaces et créant une expertise technique et industrielle afin de constituer une réserve stratégique potentiellement composée de Bitcoins.

Le RN semble vouloir amplifier son image de « réindustrialisation », tout en surfant sur le narrative de la souveraineté numérique et énergétique. Marine Le Pen avait déjà évoqué en amont cette piste, ciblant une réappropriation nationale du Bitcoin comme actif stratégique couplé à notre parc nucléaire.

Est-ce vraiment possible ?

Le dossier est maintenant entre les mains de l’ADAN et des législateurs. Deux scénarios émergent : soit le sujet revient dans une loi plus adaptée, soit il s’évapore derrière d’autres priorités.

L’avenir dépendra de la capacité du RN à fédérer d’autres forces politiques, notamment celles qui sont sensibles à la dimension industrielle ou environnementale.

Si le texte passe un jour, cela pourrait dessiner les contours d’un nouveau modèle énergétique 100% compatible avec l’ère numérique. À condition bien sûr, de respecter les normes écologiques et de convaincre que le minage n’est pas qu’un gouffre énergétique, mais surtout une opportunité économique très importante.


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Oriane Nyikeine

Journaliste spécialisé dans l’écosystème crypto et Web3, Oriane décrypte l’actualité des marchés, des projets blockchain et des grandes tendances du numérique pour Coinspeaker. Issu d’une formation en business et passionnée par l’univers décentralisé, elle explore les mutations technologiques, les enjeux économiques et les mouvements sociétaux liés aux cryptomonnaies. Forte de plusieurs années d’expérience dans la rédaction de contenus web, elle s’est progressivement tournée vers l’univers des actifs numériques, avec un intérêt marqué pour les dynamiques géopolitiques et macroéconomiques qui façonnent ce secteur en constante mutation. Rédactrice passionnée, son objectif est de décrypter l’actualité du Web3, des blockchains et des marchés numériques pour offrir aux lecteurs des analyses claires, fiables et percutantes

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