Entre manœuvres au Congrès et clashs publics à répétition, deux figures majeures du paysage politique américain s’opposent frontalement. L’un joue la carte de la puissance institutionnelle, l’autre celle de l’influence numérique.
Au milieu, la cryptosphère, prise entre incitations fiscales et instabilité réglementaire, se retrouve une fois de plus en terrain mouvant.
Par Emmanuel Roux
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Le « One Big Beautiful Bill », méga-projet de loi sur les dépenses et la fiscalité formulé par Trump, a été validé par le Sénat américain. Cependant, c’est un parlement divisé qui s’est prononcé, et l’exécutif a eu besoin de la voix décisive du VP JD Vance pour l’emporter. Mais que peut bien offrir cette loi aux crypto-monnaies ?
If this insane spending bill passes, the America Party will be formed the next day.
Our country needs an alternative to the Democrat-Republican uniparty so that the people actually have a VOICE.
— Elon Musk (@elonmusk) June 30, 2025
Eh bien, si elle offre des réductions fiscales généreuses sur le papier, elle reste globalement sourde aux propositions spécifiques aux cryptomonnaies. Il s’agit notamment de l’exemption de minimis pour les petites transactions en BTC ou l’arrêt de la double imposition sur les récompenses de minage (propositions de Cynthia Lummis).
Néanmoins, une clause discrète réintroduit le bonus d’amortissement de 100 % pour les investissements en capital, ce qui permet aux sociétés minières de Bitcoin de déduire immédiatement le coût de leur matériel, une aubaine fiscale majeure en période de hausse du hashrate.
L’alignement tacite de l’administration Trump sur les intérêts des mineurs U.S., sans offrir un cadre clair sur la fiscalité des actifs numériques, envoie un message paradoxal. En effet, les portes se trouvent ouvertes aux capitaux, mais le traitement réglementaire reste flou.
Elon Musk, homme d’affaires milliardaire et figure importante derrière Trump a vocalement exprimé sa haine pour ce projet de loi. En effet, lui qui avait été nommé à la tête du DOGE (Department of Government Efficiency) en début de mandat Trump, considère que le projet de loi détruit son travail de réduction des coûts et trahit l’objectif de maîtrise budgétaire.
Après le vote au Sénat sa réponse a été immédiate : dénonciation sur X, promesse d’un nouveau parti, menaces contre les élus pro-projet.
En termes de stratégie politique, le calcul est clair avec créer un levier populiste hors des deux partis dominants en captant l’audience technophile et anti-establishment.
Du côté crypto, Musk reste un aimant à attention. En effet, sa simple mention du meme token Dogecoin dans ce contexte a suffi à faire frémir les marchés. Plus significatif, la corrélation observée entre les actions Tesla et le Bitcoin lors d’événements politiques souligne que les investisseurs perçoivent ses prises de position comme un facteur de risque pour les actifs numériques.
Les tensions Trump-Musk créent une dynamique instable pour le secteur crypto. À court terme, la volatilité est alimentée par les
incertitudes politiques, les menaces de représailles entre factions, et l’absence de feuille de route fiscale cohérente ; à long terme, cependant, le récit de Bitcoin comme rempart contre la dette publique et l’expansion budgétaire incontrôlée gagne du terrain.
📊 The Big Beautiful Bill has narrowly passed into its next step. Crypto markets are showing a clear bullish bias toward the controversial bill. We discuss the benefits for Bitcoin miners, Elon Musk's frustration, and plenty more about the details. 👇https://t.co/MNkkQZouws pic.twitter.com/YuL4d7oKmD
— Santiment (@santimentfeed) July 1, 2025
La hausse projetée du plafond de la dette de 5 000 milliards de dollars actée par la loi Trump alimente une perception inflationniste renforcée, favorable au narratif « hard money » des maximalistes BTC.
Si Musk transforme ses menaces politiques en action réelle et que le GOP se fragmente, les réformes crypto pourraient se retrouver à l’arrêt, mais l’appétit du marché pour les actifs décentralisés en tant que couverture contre les excès du système fiat, lui, ne ferait que se renforcer.
Pour les crypto-monnaies, l’issue de cette querelle n’est peut-être pas une victoire réglementaire, mais une validation idéologique.
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Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.