Circle passe la seconde. Avec Crossmint, spécialiste wallets et APIs en self custody (auto-détention des clés), l’émetteur d’USDC veut ouvrir davantage d’infrastructures sur plusieurs blockchains et viser très large : des utilisateurs humains aux agents IA capables de payer seuls.
Ce que change concrètement l’accord Circle x Crossmint
L’ambition est claire et assumée par les deux équipes, avec un premier message public qui donne le ton et confirme une entrée de Circle Ventures au capital de Crossmint.
We’re excited to announce a strategic investment from @circle_ventures.
It’s one of many ways we’re working with Circle to bring stablecoin-powered payments to billions of users and AI agents, and millions of companies. 🧵 pic.twitter.com/uh35AyjkLI
— Crossmint (@crossmint) September 24, 2025
Le duo veut rendre l’USDC plus simple à intégrer et à utiliser, côté développeurs comme côté applications. Crossmint apporte ses wallets, des APIs d’on-ramp en stablecoin, des outils d’orchestration et une brique de paiements « agentiques » qui permettent à un logiciel d’initier et de régler une transaction sans intervention humaine.
L’objectif opérationnel est limpide : rapprocher l’USDC des usages réels en réduisant les frictions d’intégration, en multipliant les réseaux supportés et en proposant un socle de self custody standard pour les entreprises.
L’idée de fond est de faire de l’USDC une couche de règlement rapide, disponible en permanence et facilement programmable, plutôt qu’un simple jeton de trésorerie.
Pourquoi les agents IA entrent dans la boucle
Les agents IA ont besoin d’un « compte » programmable et neutre pour payer un service, acheter une ressource, publier un contenu ou consommer une API.
Les cartes bancaires ne sont pas conçues pour un logiciel autonome et imposent des garde-fous qui ne cadrent pas avec un modèle machine-à-machine. D’où l’intérêt des stablecoins.
En associant USDC à des wallets et des APIs pensées pour l’agentique selon Crossmint, Circle vise un futur où des agents paient des taxis autonomes, réservent de la capacité GPU, stockent des données on-chain et soldent leurs dépenses en temps réel. Le pari est double.
Premier pari : créer des briques standard que les équipes produits peuvent brancher sans expertise crypto pointue. Second pari : rassurer les grands comptes en restant sur un stablecoin régulé et largement disponible.
Marchés émergents et transferts de fonds : cas d’usage immédiat
Le narratif IA est puissant, mais le terrain le plus tangible reste celui des paiements transfrontaliers. Dans les économies frappées par l’inflation et les contrôles de change, les stablecoins servent d’épargne et de rail d’entrée vers le dollar numérique. Un exemple récent l’illustre.
MoneyGram a annoncé une nouvelle application qui s’appuie sur l’infrastructure et le self custody de Crossmint pour permettre aux utilisateurs en Colombie de recevoir et stocker de l’USDC, avec possibilité de sortie en monnaie locale.
BIG NEWS@MoneyGram, serving 50M people in 200 countries, is adopting stablecoins.
Powered by Crossmint Wallets + stablecoin infra.
This is the future of cross-border finance 👇 pic.twitter.com/dyJJZd153j
— Crossmint (@crossmint) September 17, 2025
Ce type de déploiement coche toutes les cases d’un use case « prêt à l’emploi ». Réception quasi instantanée, frais bas, self custody simple à activer, et réseau de distribution existant côté MoneyGram pour encaisser et décaisser.
Pour Circle, c’est un vecteur d’adoption massif. Pour Crossmint, c’est la preuve que ses wallets et ses APIs peuvent fonctionner à grande échelle auprès d’un public non expert.
USDT domine encore, mais la stratégie se joue sur l’expérience
Le contexte reste compétitif. Dans les paiements du quotidien, Tether garde l’avantage en volumes, avec près de 100 milliards de dollars échangés sur 24 heures récemment, contre un peu plus de 10 milliards pour l’USDC.
L’écart de capitalisation reste net, avec environ 173 milliards pour USDT contre 74 milliards pour USDC, tandis que l’offre d’USDT sur Tron a dépassé 80 milliards en juin grâce à des transferts rapides et peu coûteux.
Autrement dit, USDC ne gagnera pas uniquement à coups de chiffres. Il gagnera sur la qualité d’intégration, la conformité, la facilité d’on-ramp et la promesse d’une auto-garde plus accessible, y compris pour des agents logiciels.
Reste donc la question de l’échelle. Viser « des milliards » suppose en effet de sortir de la niche crypto et d’entrer dans le quotidien. Les briques annoncées vont donc dans ce sens, de la Colombie aux agents IA.
Si les intégrations se multiplient et que les parcours restent fluides, USDC peut devenir la monnaie par défaut d’applications où l’utilisateur ne sait même pas qu’il utilise une blockchain. C’est là que se joue l’essentiel : rendre l’USDC invisible, utile et fiable, pour l’humain comme pour la machine.
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