Les cryptos éco-responsables font-elles vraiment la différence ?
Les cryptomonnaies consomment trop d’énergie. Telle est la critique qui revient régulièrement depuis que ces nouvelles monnaies se sont invitées dans le débat public. Face à cette mauvaise réputation, une nouvelle catégorie de projets est apparue : les cryptos dites éco-responsables. Qu’en est-il réellement ?
Par Emmanuel RouxDernière mise à jour
3 mins lecture
Pour Résumer
Les cryptos éco-responsables prétendent réduire leur impact énergétique, mais la réalité est complexe.
Certaines apportent une vraie utilité, d’autres se contentent de greenwashing.
L’important est que l’énergie utilisée crée une valeur réelle.
Qu’est-ce qu’une crypto verte ?
Les cryptomonnaies dites éco-responsables promettent une technologie plus propre, plus légère, plus acceptable. Mais ont-elles réellement un impact positif ?
Ou servent-elles surtout d’argument marketing pour rassurer les investisseurs soucieux de leur image ? Si oui, on assisterait donc à un véritable cas de greenwashing.
Prenons un exemple. Ethereum a vanté son passage au mécanisme de « Proof-of-Stake », qui lui aurait permis de réduire sa consommation énergétique de 99 %. La blockchain n’est pas la seule à l’utiliser. Les réseaux Solana, Cardano et Tezos exploitent également ce mécanisme.
À l’inverse, Bitcoin fonctionne toujours selon le modèle « Proof-of-Work ». Ce dernier nécessite une puissance de calcul énorme.
Rapidement, Ethereum a présenté cette avancée comme une solution au problème énergétique des blockchains. À première vue, on pourrait presque croire que la question est tranchée : les nouvelles cryptos seraient vertueuses, l’ancienne garde polluante.
Sauf que la réalité est un peu moins simple. Résumer l’impact environnemental d’une technologie à sa seule consommation énergétique n’est pas représentatif.
Les blockchains, qu’elles soient « propres » ou non, s’appuient toutes sur des machines, des serveurs, des infrastructures qui doivent être fabriqués, alimentés et entretenus. Et toutes ne fonctionnent pas dans les mêmes conditions.
Un réseau peut consommer beaucoup d’énergie tout en n’utilisant que des surplus renouvelables, là où un autre affichera une faible consommation mais reposera sur des serveurs hébergés dans des data centers alimentés au charbon.
Le label éco-responsable devient vite flou quand on regarde les choses de près.
L’utilité avant tout
Il faut aussi se demander si une crypto doit forcément être neutre en carbone pour être considérée comme légitime. Internet consomme énormément d’énergie, les data centers également, mais personne ne songe sérieusement à les supprimer. Pourquoi ? Parce que leur utilité est évidente.
Le vrai débat se situe probablement là. Une blockchain ne devrait pas uniquement être jugée sur la quantité d’énergie qu’elle consomme, mais plutôt sur les bénéfices que cette énergie rend in fine au secteur.
En effet, certaines blockchains ont une grande utilité. Elles servent à sécuriser des milliards de dollars, à permettre des transactions internationales sans intermédiaire, ou encore à créer de nouveaux modèles de gouvernance.
D’autres ne sont là que pour héberger des spéculations sans valeur réelle.
Cela ne veut pas dire que la question écologique est secondaire. Au contraire, elle est indispensable. Mais l’écologie ne doit pas devenir un simple argument publicitaire.
Certaines cryptos se contentent de se déclarer vertes sans rien prouver, tandis que d’autres travaillent réellement à relier la blockchain à des problématiques environnementales concrètes.
Certains projets tokenisent par exemple des crédits carbone pour rendre leur traçabilité plus transparente. D’autres récompensent les utilisateurs non pas pour miner des blocs mais pour fournir des services utiles, comme de la connectivité ou du stockage.
En fin de compte, les cryptos éco-responsables ne sont ni toutes miraculeuses ni toutes hypocrites. Certaines font réellement avancer les choses, d’autres surfent sur une tendance.
La question n’est peut-être pas de savoir lesquelles polluent le moins, mais lesquelles méritent qu’on leur accorde de l’énergie. Une technologie peut consommer, tant qu’elle construit quelque chose. C’est probablement ce critère-là qui finira par faire la différence.
Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité.
En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.
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