Depuis des mois, Donald Trump multiplie les annonces de tarifs douaniers à un rythme qui rappelle la guerre commerciale sino-américaine de 2018. Sauf que cette fois, le spectre est bien plus large, les sanctions plus musclées et les conséquences potentiellement plus explosives. Une véritable offensive économique qui pourrait bien chambouler les équilibres mondiaux et secouer sérieusement l’écosystème crypto.
Retour sur des mois de tension maximale entre tweets, ripostes et bouleversements de marché.
Une avalanche de tarif qui impacte le marché crypto
Tout a commencé le 2 avril, lorsque Trump a annoncé un tarif douanier uniforme de 10 % sur toutes les importations aux États-Unis, dont une taxe de 25 % spécifiquement ciblée sur les voitures étrangères. C’est le retour de la doctrine des “reciprocal tariffs”, une approche promue par Donald Trump qui consiste à aligner les droits de douane américains sur ceux imposés par les autres pays, le tout afin de rétablir ce qu’il considère comme un “équilibre commercial”.
Mais le président des États-Unis ne s’arrête pas là. En quelques jours, la liste des sanctions s’étoffe. Il impose ainsi un tarif de 50 % sur les importations en provenance du Brésil ou encore 34% à la Chine. De même, il fait monter la pression sur l’Union européenne avec une taxe équivalente prévue pour entrer en vigueur dès le 1er juin. En face, la Chine ne tarde pas à répliquer, annonçant des taxes symétriques dès le 4 avril. L’Union européenne et le Japon ont également préparé des mesures contre les Etats-Unis.
Depuis, les ajustements, revirements et tractations entre Washington et ses partenaires économiques présumés se multiplient. À l’image du second répit accordé en début de semaine à l’Union européenne, qui dispose désormais jusqu’au 1er août 2025, au lieu du 9 juillet, pour tenter de négocier un accord avec Washington.
Et pour quel résultat ? Les marchés qui s’affolent. Une rumeur de “pause” dans les tarifs avait par exemple suffit à booster les indices boursiers avant que la Maison Blanche ne démente. La volatilité, alimentée par l’imprévisibilité du président Trump, rappelle les grandes crises géopolitiques. Mais ici, c’est l’ancien président qui souffle le chaud et le froid depuis son propre réseau social. Jerome Powell lui-même, d’ordinaire mesuré, a reconnu un risque économique « bien plus élevé qu’anticipé ».
Beaucoup moins d’effet sur les cryptos ?
Alors que les marchés traditionnels s’affolent au rythme des tweets présidentiels, le monde des cryptomonnaies affiche, quant à lui, une résilience surprenante. Bitcoin, loin de s’effondrer, a connu une volatilité maîtrisée, avec des rebonds parfois spectaculaires à chaque pause ou report tarifaire. Et cette tendance ne semble plus vouloir s’arrêter alors que Bitcoin explose à 117 000 $ en cette fin de semaine.
Cependant, la guerre commerciale a eu des effets secondaires très concrets sur l’écosystème crypto, notamment du côté de l’infrastructure de minage. Les tarifs douaniers sur les composants électroniques, en particulier les semi-conducteurs en provenance d’Asie, ont alourdi les coûts pour les mineurs américains, fragilisant les marges et ralentissant certains projets d’expansion. Malgré cela, la dynamique globale est restée haussière. En effet, le soutien institutionnel, avec des acteurs comme Strategy qui enregistrent des plus-values latentes de plusieurs dizaines de milliards de dollars a largement compensé ces vents contraires.
Enfin, c’est du côté politique que la surprise est la plus marquante. Paradoxalement, alors qu’il allume les feux d’une guerre tarifaire mondiale, Donald Trump multiplie les signaux pro-crypto : trêve réglementaire, pause dans les poursuites contre certains exchanges, promesse d’une “Bitcoin Reserve” pour stabiliser le dollar. Cette ambivalence alimente un climat d’euphorie prudente dans l’écosystème.
Trump ne lâche pas Powell
Cependant, si la stratégie de Trump était de s’enrichir grâce aux tarifs douaniers, son plan est grandement mis à mal par les taux trop élevés de la Fed. Le président multiplie ses tweets accusateurs à l’encontre de Powell qu’il accuse d’être “trop lent” à adapter les taux.
Et il ne s’agit pas que de mots. Trump demande l’éviction de Powell. Une menace prise très au sérieux par les marchés obligataires. D’ailleurs, plusieurs voix s’élèvent contre cette pression politique directe. Éric Lombard, ministre français des Finances, accuse Trump d’avoir “entamé la crédibilité du dollar”. Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dénonce une stratégie commerciale “perdant-perdant”.
Certains observateurs suggèrent que cette guerre commerciale pourrait être une manœuvre calculée de la part de Trump. Une première hypothèse suggère que Trump chercherait à provoquer volontairement une correction violente des marchés financiers. L’objectif serait de forcer la Réserve fédérale à baisser les taux d’intérêt. Il espérerait ainsi stimuler l’économie et alléger le coût de la dette publique.
D’autres supposent qu’il miserait sur cette panique financière pour imposer une politique monétaire plus accommodante (taux bas, planche à billets), créant un terrain favorable aux emprunts publics massifs et aux baisses d’impôts.
Enfin, l’une des hypothèses les plus répandues avance que Trump chercherait à affaiblir le dollar pour soutenir les exportations américaines.
Quitte à semer le chaos pour pousser la Fed dans cette direction. Ces thèses, aussi cyniques soient-elles, trouvent un écho grandissant chez certains analystes économiques et crypto.
Coup de poker stratégique ou simple tentative de sauver la face ? Une chose est sûre : cette manœuvre économique pousse de plus en plus le Bitcoin à endosser le rôle inattendu de valeur refuge.
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