Le Brésil place les stablecoins sous supervision bancaire stricte

Updated 5 heures ago by · 4 mins read

Le Brésil a choisi la voie dure pour les stablecoins. Le cadre finalisé par la banque centrale requalifie une partie des paiements en crypto adossée au dollar en opérations de change, avec des obligations proches du secteur bancaire.

Stablecoins traités comme des opérations de change

Concrètement, l’achat, la vente ou le paiement international en stablecoins tombe désormais sous les règles de change.

À la clé, documentation sur l’origine et la destination des fonds, plafonds par opération avec des contreparties non autorisées à l’étranger, et la possibilité pour les institutions habilitées d’exécuter ces flux comme elles le feraient pour une remise de devises.

Même les transferts vers ou depuis un wallet en self-custody deviennent traçables dès qu’un intermédiaire régulé intervient, ce qui élargit de fait le périmètre AML et KYC.

Le plafond évoqué pour les opérations avec des entités étrangères non licenciées est de 100 000$ par transfert, un garde-fou qui va forcer les plateformes locales à choisir leurs partenaires avec soin.

Dans l’esprit, l’autorité monétaire colle les paiements en stablecoins au régime des remittances et des changes classiques. Pour les particuliers, l’expérience pourra ressembler à un virement transfrontalier un peu plus encadré.

SPSAV : un statut qui rapproche la crypto des banques

Le régulateur crée aussi une nouvelle catégorie d’établissements, les « SPSAV », des prestataires d’actifs virtuels soumis à un processus d’autorisation, à des standards opérationnels et à des exigences de transparence comparables à celles du système bancaire.

Les brokers, dépositaires et intermédiaires crypto locaux devront s’aligner, sous peine de sortir du terrain de jeu.

Cette montée en gamme de la conformité a deux effets immédiats. D’abord, elle sécurise le traitement des avoirs des clients, avec des attentes accrues en matière de ségrégation et de gouvernance.

Ensuite, elle fait grimper le coût fixe de l’activité. Les petites structures devront internaliser des fonctions de conformité ou s’adosser à des partenaires plus gros, ce qui pourrait accélérer une consolidation déjà latente sur le marché brésilien.

Pourquoi maintenant : la domination des paiements en stablecoins

Depuis des mois, le pays constate que l’usage des stablecoins n’est plus marginal. Dans le commerce comme dans les paiements du quotidien, ces jetons servent souvent de substitut au dollar.

Pour les autorités, laisser ces flux hors des radars statistiques et prudentiels n’était plus tenable.

En requalifiant les paiements en actifs fiat-adossés en opérations de change, l’administration réintègre ces montants dans la balance des paiements et réduit les angles morts pour la lutte contre la fraude et le blanchiment.

Il y a aussi un enjeu d’arbitrage réglementaire. Tant que les transferts vers des wallets auto-hébergés pouvaient transiter via des prestataires sans vérification d’identité du détenteur final, l’écosystème entretenait une zone grise.

Les nouvelles règles imposent l’identification du propriétaire du wallet lorsqu’un intermédiaire intervient. Suffisant pour tuer la self-custody ? Non.

Mais l’interaction entre self-custody et services régulés adopte, elle, un standard bancaire.

Ce qui change pour les acteurs du marché

Pour les plateformes locales, le cap est clair : obtenir l’agrément SPSAV, cartographier les flux avec des partenaires autorisés et mettre à niveau les outils de filtrage des risques. Pour les fintechs de paiements, cela peut être une opportunité, à condition d’accepter des procédures plus lourdes.

La vraie différence se verra à l’international, où les justificatifs deviendront la norme.

Reste l’équilibre à trouver. Trop de frictions, et les usages glisseront vers des canaux non régulés.

Pas assez, et les risques de contournement réapparaîtront. Le régulateur parie sur une fenêtre de transition suffisamment large pour laisser les acteurs se réorganiser avant 2026, tout en envoyant un signal ferme dès maintenant.

Dans une économie où les stablecoins ont pris une place de premier plan, faire « jouer » la crypto avec les mêmes règles que la monnaie n’est plus une posture, c’est une politique monétaire appliquée.

Selon Invezz, ces régulations entreront en vigueur le 2 février 2026 et 90% des transactions crypto brésiliennes impliquent déjà des stablecoins, ce qui justifie pleinement cette nouvelle approche réglementaire.


À lire aussi :

Share:
Exit mobile version