C’est vraiment l’ironie du sort. Alors que le Bitcoin flirte avec les sommets, que les memecoins explosent et que la saison des airdrops bat son plein, Pi Network, lui, s’effondre. Le projet qui promettait de “démocratiser la crypto” via une app mobile grand public est en train de perdre toute crédibilité… et toute valeur.
Un projet aux promesses grandioses
À son lancement en 2019, Pi Network se présentait comme la solution miracle : une cryptomonnaie accessible à tous, minable depuis un simple smartphone, sans besoin de puissance de calcul. L’idée était séduisante : pas besoin d’acheter de machine ou de consommer de l’électricité, il suffisait de cliquer une fois par jour pour “miner” du Pi.
Résultat ? Des millions d’utilisateurs séduits, surtout dans les pays émergents. Une énorme communauté, des groupes Telegram segmentés par pays, et une promesse : un jour, ces Pi “gratuits” vaudront peut-être une fortune.
Sauf que cette fortune tarde à arriver. Et pour beaucoup, elle n’arrivera sans doute jamais.
Listing, spéculation… et puis désillusion
Après des années d’attente, le token PI a enfin fait son apparition sur plusieurs plateformes d’échange centralisées (CEX). Gate.io, Bitget, HTX, MEXC ou encore XT.com ont été parmi les premiers à proposer des paires de trading PI/USDT dès le début de l’année 2024.
Un moment historique pour la communauté, qui attendait depuis longtemps de pouvoir donner une valeur concrète aux tokens « minés » via l’application mobile.
Mais cette euphorie a été de courte durée.
Le prix du PI s’est envolé brièvement, atteignant près de 3 dollars à son pic en février 2025, porté par l’enthousiasme des premiers échanges et la forte mobilisation communautaire. Certains y voyaient le début d’une adoption progressive, voire le retour de la « démocratisation crypto » tant promise.
Or, très rapidement, le cours a amorcé une descente. En l’espace de quelques mois, la valeur du PI a chuté de plus de 85 %, pour se stabiliser aujourd’hui autour de 0,45 $, avec un volume de trading quotidien très variable, oscillant entre 70 et 150 millions de dollars.
Parmi les explications, une pression vendeuse liée aux “unlock” massifs de tokens. Début juillet, plusieurs centaines de millions de PI ont été débloqués, créant un afflux brutal de liquidités sur les plateformes.
À cela s’ajoute une perception encore floue du statut juridique et technique du réseau. Beaucoup d’utilisateurs, enfin, n’ont pas encore migré leurs tokens vers des portefeuilles autonomes.
La spéculation initiale a donc été suivie d’un retour brutal à la réalité : sans usage concret ni intégration dans un écosystème plus large, la valeur du token repose surtout sur la croyance des utilisateurs. Et celle-ci, aujourd’hui, semble s’éroder.
Pi Network : un cas d’école du Web3 low cost ?
Le cas Pi Network illustre les défis que rencontrent les projets plutôt orientés grand public, notamment lorsqu’ils privilégient l’acquisition massive d’utilisateurs parfois au détriment de la transparence technique et économique.
Le modèle, pourtant, avait de quoi séduire. Une application mobile minimaliste. Un minage sans consommation énergétique. Une mécanique de “clic quotidien” simple mais engageante. Et surtout, une promesse d’inclusion financière accessible à tous.
En moins de deux ans, le projet a rassemblé plus de 47 millions de pionniers. Avec une présence particulièrement forte en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique latine.
Mais derrière cette adoption virale, de nombreuses zones d’ombre subsistent. Pendant longtemps, aucun whitepaper complet n’était accessible. La roadmap a été modifiée à plusieurs reprises.
Le lancement du réseau principal (Mainnet) a pris des années, et même aujourd’hui, il demeure “enclosed”. En effet, seuls les comptes vérifiés via KYC peuvent migrer leurs tokens, et les transferts hors de l’écosystème restent limités.
Côté tokenomics, le projet repose sur une supply totale de 100 milliards de PI, dont 80 % doivent être distribués à la communauté via l’application. Les 20 % restants sont alloués à l’équipe, aux développeurs et à un fonds communautaire.
Cependant, le rythme des “unlocks” programmés et leur volume élevé ont entretenu une pression constante sur le cours, sans véritable mécanisme de stabilisation.
Certains observateurs considèrent désormais Pi Network comme une expérimentation utile, mais partiellement aboutie. L’approche mobile-first, la gamification et l’acquisition massive d’utilisateurs ont démontré leur efficacité… mais elles n’ont pas suffi à construire un écosystème viable.
L’absence de smart contracts, de dApps natives ou d’usages concrets limite encore le potentiel réel du réseau.
Une crypto à oublier ?
Parler d’échec serait sans doute excessif, mais la trajectoire de Pi Network appelle à une certaine lucidité. Dans un contexte où la crypto évolue très rapidement, avec des avancées majeures sur les Layer 2, l’émergence des Real World Assets (RWA), et l’institutionnalisation du Bitcoin via les ETF, les standards d’évaluation ont changé. Une simple application mobile ne suffit plus à séduire ou à convaincre sur le long terme.
Le projet conserve toutefois des atouts : une base d’utilisateurs très large, une marque connue dans certains cercles non bancarisés, et une équipe qui continue de développer des fonctionnalités (KYC, migration, “Pi apps”). Mais face à la concurrence actuelle, ces éléments semblent désormais insuffisants.
La chute récente du prix n’est pas uniquement le reflet d’une mauvaise gestion, mais aussi celui d’un décalage entre la promesse initiale et les attentes du marché actuel.
En 2025, les utilisateurs attendent de la transparence, de la valeur concrète, et surtout, des cas d’usage fonctionnels. Sans cela, la hype, aussi massive soit-elle, s’évapore rapidement.
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