L’extrait a fait bondir tout le monde : interrogé sur la grâce accordée à Changpeng Zhao, Trump répond qu’il « ne sait pas qui c’est ».
Un déni qui recadre les choses
À la télévision, les mots frappent plus fort que les pièces du dossier. Néanmoins, dans l’extrait, la scène est courte, le ton catégorique, et c’est précisément ce qui lui donne de la portée.
“I don’t know who he is,” says President Trump, claiming he doesn’t know Changpeng Zhao (aka C.Z.) a man he pardoned.
C.Z. is a billionaire who pleaded guilty in 2023 to violating anti-money laundering laws. The government said at the time that he allowed terrorist groups to… pic.twitter.com/Qpv9C2hw91
— 60 Minutes (@60Minutes) November 3, 2025
Ce déni rebat les cartes : il coupe court à l’idée d’un échange de bons procédés et ramène la grâce au registre des « abus de procédure » subis par les acteurs crypto, idée chère à la base de Donald Trump. Toutefois, ce type de déni, en politique, sert d’abord à déplacer le centre de gravité.
On quitte le terrain des preuves pour celui de l’intention : « je veux une crypto forte aux États-Unis, point ». Mais reste la gêne : comment défendre une vision pro-crypto tout en prétendant ignorer la figure la plus connue du secteur ? Cette contradiction n’échappe pas aux observateurs attentifs de l’industrie crypto.
Pardon et soupçon d’alignement d’intérêts
C’est ici que le sous-texte revient. En effet, on parle d’un écosystème où la frontière entre influence, investissement et régulation est poreuse.
Effectivement, face à ça, la réponse « je ne le connais pas » fonctionne comme un coupe-feu rhétorique.
Sur le plan juridique, elle n’engage presque rien. Sur le plan symbolique, elle crée une distance utile.
Ce qui complique le tableau, c’est que CZ, lui, a déjà rectifié publiquement plusieurs éléments le visant, notamment l’accusation d’avoir plaidé coupable pour blanchiment. De plus, cela ne blanchit pas tout, mais cela brouille un peu plus la lecture binaire « coupable / complice ».
Or, dans l’arène médiatique, ce sont souvent ces nuances qui fissurent les certitudes. Par conséquent, la bataille narrative entre CZ et ses accusateurs s’intensifie.
La ligne officielle : faire « prospérer » la crypto américaine
Le fil conducteur, côté Maison-Blanche, tient en une phrase : la crypto est une industrie massive, et l’objectif est d’en faire un avantage américain. Ainsi, dit autrement : on protège l’écosystème, on coupera court aux « chasses aux sorcières », on poussera l’innovation.
Cette musique-là parle aux marchés, aux fondateurs, aux détenteurs, et elle sert de parapluie narratif à toutes les décisions controversées. Néanmoins, le message public s’énonce en termes de croissance, d’emplois, de leadership technologique ; il évite les détails procéduraux et les cas particuliers.
C’est efficace politiquement… tant qu’aucun document contredit frontalement la ligne. Toutefois, la question demeure.
A US Senator can't get her facts right, in a public post about a person's charge. There were NO money laundering changes.
The same Senator declared "war on crypto", on public TV, 5 days before my sentencing, during the Biden Admin.
Need a better example of weaponization of… https://t.co/87gTMP6mcn pic.twitter.com/4j1Us48Nop
— CZ 🔶 BNB (@cz_binance) October 24, 2025
Reste le point de friction : peut-on promettre un environnement pro-crypto sans traiter, une bonne fois, la question de l’éthique publique quand les acteurs privés se rapprochent trop du pouvoir ? Effectivement, si la réponse tarde, chaque séquence sensible sera lue à travers ce prisme.
Ce que le marché entend, ce que la suite dira
Côté prix, pas d’embrasement : ce genre d’interview n’emporte pas la valorisation sur un week-end. Mais le signal politique, lui, circule.
Est-ce suffisant pour convaincre des capitaux hésitants de revenir sur les actifs risqués ? Parfois, oui. Néanmoins, les marchés achètent des trajectoires plus que des certitudes.
Le vrai test sera juridique et factuel. En effet, si le déni tient parce qu’aucune pièce saillante ne vient le contredire, la polémique retombera et la ligne pro-industrie s’installera.
S’il vacille, on retrouvera le pire des deux mondes : des doutes renforcés et un message brouillé. Par conséquent, entre-temps, une chose est claire : politiciser la crypto peut offrir des gains rapides en narration, mais expose à des retours de flamme dès que la chronologie et les montants refont surface.
Dans ce climat, se dire « pro-crypto » ne suffit pas. Il faut aussi une hygiène de gouvernance irréprochable.
Sinon, chaque phrase comme « je ne sais pas qui c’est » deviendra une ligne à fact-checker en boucle. Effectivement, cette affaire révèle les tensions croissantes entre politique et industrie crypto.
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