Le 2 octobre 2025, un avertissement retentissant a résonné de la part du Conseil général de l’Autorité européenne du risque systémique (ESRB). L’Union européenne doit instaurer des garde-fous renforcés afin d’encadrer les stablecoins, et tout particulièrement ceux émis par des entités hors de l’UE. Cette nouvelle annonce souligne à nouveau la volonté de régulation et de contrôle du secteur par l’UE.
Des risques systémiques à ne pas sous-estimer
Ce signal d’alarme est interprété comme une réponse à une inquiétude croissante. Celle que les stablecoins multi-juridictionnels représenteraient un risque non-négligeable pour la zone euro.
Or, de par leur grande stabilité, ils sont aussi devenus un outil incontournable pour les transactions et les investissements en euro. D’où la difficulté. Il n’est plus possible de faire sans, mais continuer sans garde-fous n’est pas non plus une option envisageable.
Pourquoi cela ? Eh bien parce que leur modèle multi-émetteur peut créer des vulnérabilités majeures.
Ce modèle permet à une monnaie stable d’être distribuée à la fois dans l’UE et à l’international. Cependant, si des tensions surviennent sur le marché, les investisseurs pourraient être attirés par les régulations plus strictes et l’absence de frais, et donc privilégier des redemptions dans l’UE.
Cela pourrait exercer une pression importante sur les réserves locales. La Banque centrale européenne serait également obligée d’intervenir pour stabiliser le marché.
La stratégie de l’UE est d’essayer de prévenir avant de guérir. Christine Lagarde, qui préside l’ESRB, a appuyé l’importance de prendre en compte ces risques avant qu’il ne soit trop tard.
Parmi ces risques, on compte notamment des crises de liquidité imprévisibles et probablement dommageables pour l’économie réelle.
Par l’avertissement de l’ESRB, l’Europe cherche ainsi à conjuguer innovation technologique et stabilité financière, tout en affirmant sa souveraineté monétaire à l’ère numérique.
MiCA : une première étape, mais insuffisante
Cette nouvelle annonce s’inscrit dans un contexte européen tourné vers la régulation. Entré en vigueur en décembre 2024, le règlement MiCA pose les premières pierres d’un cadre solide pour les stablecoins émis dans l’UE.
Les exigences strictes qu’il impose concernent notamment les réserves, la transparence ou encore la protection des investisseurs, des sujets tous très sensibles.
Toutefois, ce règlement a ses limites, comme en témoigne la nécessité d’émettre un nouvel avertissement.
Concernant les stablecoins, MiCA n’agit pas au-delà de l’Union européenne. En d’autres termes, les stablecoins émis hors de l’UE échappent aux règles, ce qui pourrait fragiliser la stabilité financière en Europe.
Calendrier d’application du règlement MiCA
Afin de remédier à cela, une des solutions serait de mettre en place des mécanismes d’équivalence robustes pour les émetteurs étrangers. Le transfert d’actifs entre juridictions pourrait aussi passer par des protocoles sécurisés.
Tout ce travail nécessite une véritable coopération internationale. En effet, seule une approche coordonnée au niveau mondial empêchera les acteurs financiers de tirer profit des différences de réglementations entre les pays.
Point positif : des discussions sont déjà en cours avec plusieurs banques centrales étrangères. Nombreuses sont les banques qui ont bien compris la nécessité de mettre en place des initiatives communes.
Parallèlement, de grandes banques européennes travaillent sur le lancement d’un stablecoin adossé à l’euro. Parmi celles-ci, on compte notamment ING et UniCredit.
Le but de ce projet est de concurrencer les stablecoins dominés par le dollar, tels que le USDC de Circle. Supervisé par la Banque centrale néerlandaise, il a également pour vocation d’offrir une alternative sûre et régulée pour les citoyens et entreprises européennes.
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