Un test historique entre le Brésil et Hong Kong grâce à Chainlink

Updated 8 heures ago by · 4 mins read

Ce n’est pas un simple « proof of concept » de plus. Le Brésil et Hong Kong viennent de relier, en situation réelle, deux infrastructures monétaires expérimentales pour régler un flux d’exportation comme on règle un transfert domestique.

De la théorie à l’exécution temps réel

Le pilote a simulé un règlement d’export entre les réseaux Drex et Ensemble avec déclenchement automatique du paiement quand le titre de propriété est mis à jour.

Banco Inter a orchestré la partie bancaire, les banques centrales ont supervisé, Chainlink a géré l’aiguillage des messages et la cohérence des états de part et d’autre.

L’intérêt est concret pour les PME : moins d’intermédiaires à coordonner, moins de risques de contrepartie, et des coûts qui se compriment parce que le contrat exécute ce que l’on écrivait hier dans des PDF.

Dans cette architecture, la nouveauté n’est pas l’existence d’une CBDC magique. C’est la capacité à faire circuler une instruction de paiement programmable d’un réseau à l’autre sans perdre d’informations en route, tout en gardant les exigences des systèmes financiers : conformité, traçabilité, finalité.

Pourquoi ce pilote ne ressemble pas aux vitrines de 2021

On a déjà vu des démonstrations avec des jetons qui ne sortent jamais de leur bac à sable. Ici, les briques correspondent aux chantiers réels des autorités : Ensemble cible les usages avec des dépôts tokenisés et des règlements interbancaires, quand Drex sert d’infrastructure programmable pour la finance locale.

Les deux mondes sont reliés par une couche qui sait parler aux systèmes financiers existants et aux réseaux spécialisés comme GSBN, chargé de mettre à jour le connaissement électronique au fil du paiement. Résultat : l’acte de commerce, le titre et le règlement avancent ensemble, sans rupture.

Standard Chartered s’est greffée au test, ce qui montre que les banques ne regardent plus ça comme un hackathon, mais comme un futur flux à industrialiser.

Ce point est clé pour la suite. Les précédents pilotes s’écrasaient sur la paperasse dès qu’il fallait sortir du labo.

Ici, une partie de cette paperasse devient un message signé, horodaté, aligné sur les formats normatifs du secteur. La technique ne vaut rien sans ce réalisme procédural, or c’est précisément l’objet du test : faire dialoguer des registres hétérogènes et des API de la chaîne logistique avec les standards bancaires plutôt que de les contourner.

L’interopérabilité, nerf de la guerre

Sur le plan technique, la pile Chainlink utilisée ne se limite pas à « passer des messages ». Elle orchestre des états cohérents entre réseaux, traduit là où il faut traduire, et déclenche des actions offchain quand c’est nécessaire.

Dans ce pilote, la Runtime Environment fait office de contrôleur aérien entre Drex, Ensemble et les systèmes tiers, y compris pour parler le langage du monde bancaire comme ISO 20022 quand c’est requis.

L’objectif n’est pas de forcer tout le monde sur une chaîne unique, mais de garantir que chaque réseau reste souverain tout en partageant des événements qui ont une valeur juridique.

Si l’on peut déclencher un changement de propriétaire côté logistique, un dénouement DvP côté bancaire et une libération de crédit documentaire sur la même timeline, alors la promesse de coûts plus bas et de délais plus courts cesse d’être théorique.

Les acteurs gardent leurs systèmes, mais acceptent une couche commune d’événements vérifiables.

Et maintenant, le passage du pilote au quotidien

Un test n’engage que ceux qui y participent, alors la question est simple : peut-on répéter l’exercice à l’identique avec d’autres banques, d’autres routes commerciales, d’autres actifs ?

Les régulateurs ont déjà cadré la suite : côté Hong Kong, le bac à sable Ensemble est ouvert pour multiplier les cas d’usage. Côté Brésil, Drex Phase 2 avance sur des scénarios de crédit et d’actifs tokenisés.

Rien n’empêche donc les écueils. Le débit réel en situation de pointe, la gestion des retours en arrière, la confidentialité selon les juridictions, ou encore qui opère la couche d’interopérabilité au quotidien ?

Ce sont des questions légitimes, et elles trouveront des réponses au fur et à mesure que les flux s’épaississent.

C’est exactement ce que la numérisation du commerce extérieur attend depuis des années.

Ce pilote montre que l’on peut faire tenir, dans une seule séquence automatisée, l’argent qui bouge, la marchandise qui change de mains et la preuve qui restera en cas de litige.

Quand on sait que l’essentiel des coûts vient des ruptures de chaîne, on comprend pourquoi ce petit test raconte peut-être la prochaine grande habitude des échanges internationaux.


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