Euro numérique : l’Europe en retard face aux États-Unis et à la Chine ?
L’Union européenne vient de franchir une étape clé dans le développement de l’euro numérique. En effet, les ministres européens ont trouvé un accord de position cette semaine. Il s’agit du premier consensus officiel autour de ce projet ambitieux. Cependant, la monnaie numérique de la BCE ne sera pas disponible avant 2028. Ce calendrier soulève des interrogations sur la compétitivité européenne face aux alternatives déjà opérationnelles.
Les ministres européens s'accordent sur l'euro numérique mais le reportent à 2028.
Les stablecoins US et le yuan numérique chinois dominent déjà le marché mondial des monnaies numériques.
L'Europe pourrait devenir dépendante des solutions étrangères, compromettant son autonomie monétaire.
Un consensus européen enfin trouvé
Pour la première fois depuis le lancement du projet en 2017, les ministres de l’Union européenne affichent un soutien formel à l’euro numérique. Cet accord de position marque une étape décisive. Le processus avait débuté par une phase d’enquête en 2021. Ensuite, il s’en est suivi une phase de préparation dès 2023.
Une telle implication directe des gouvernements nationaux représente un important tournant dans l’adoption de la monnaie numérique européenne. Désormais, les ministres auront leur mot à dire avant la décision finale de la BCE. En optant pour une gouvernance partagée, les États membres affichent l’importance qu’ils accordent à ce projet.
Le cadre légal est quant à lui en cours de construction. Une base juridique sera déterminante pour définir les modalités d’utilisation et de distribution de la future monnaie numérique européenne.
Le plafond de détention au cœur des débats
La question du plafond de détention cristallise les tensions entre les différents acteurs. Ce montant maximum d’euros numériques qu’un particulier pourra détenir fait l’objet d’intenses négociations.
Le secteur bancaire traditionnel plaide pour un plafond bas. Sa position s’explique par la crainte de voir les dépôts migrer massivement vers la monnaie numérique. Une fuite importante des capitaux pourrait fragiliser le système bancaire classique.
Le Conseil des ministres des Finances devra trancher sur ce montant stratégique. Sans surprise, sa décision finale aura des implications directes sur l’adoption et l’usage de l’euro numérique par les citoyens européens.
La nouvelle feuille de route européenne s’étale sur plusieurs années. Trois étapes majeures jalonnent ce parcours :
Début 2026 : Adoption du cadre législatif au plus tôt
2026-2028 : Phase d’élaboration technique de l’euro numérique
2028 minimum : Lancement effectif de la monnaie numérique
Ce calendrier apparaît particulièrement long comparé aux initiatives concurrentes. La complexité institutionnelle européenne explique en partie cette temporalité étendue.
La concurrence s’intensifie à l’international
Pendant que l’Europe dessine sa stratégie, d’autres puissances accélèrent. Les États-Unis ont adopté une approche différente avec les stablecoins. La législation signée par Donald Trump a donné un cadre favorable à ces cryptomonnaies privées adossées au dollar.
La Chine affiche aussi une longueur d’avance considérable. Son yuan numérique est déjà en phase de déploiement. Pékin compte faire de sa monnaie numérique un pilier de sa stratégie économique internationale.
Une telle situation place l’Europe dans une position délicate. En fait, l’absence de stablecoineuropéen populaire et les retards de l’euro numérique pourraient menacer la souveraineté monétaire du continent.
Vers une perte de souveraineté monétaire en Europe ?
Le risque principal pour l’Union européenne réside dans l’adoption croissante de solutions privées. Les citoyens et entreprises européens pourraient se tourner vers des stablecoins américains pour pallier l’absence d’alternative européenne.
Cette dépendance aux monnaies numériques étrangères questionne l’autonomie stratégique de l’UE. L’euro numérique devait justement répondre à cet enjeu de souveraineté. La lenteur du processus européen contraste avec l’urgence géopolitique. En réalité, chaque mois d’hésitation renforce la position des concurrents sur ce marché stratégique.
L’accord trouvé cette semaine constitue une avancée, c’est évident. Toutefois, l’Europe devra s’activer davantage pour rattraper son retard dans la course aux cryptomonnaies.
Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité.
En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.
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