Selon le patron de la première banque américaine, tant que l’inflation ne reflue pas franchement, la banque centrale aura du mal à multiplier les allègements. Message à contre-courant d’un consensus qui voit large, mais qui rappelle une évidence : la Réserve fédérale arbitre d’abord la trajectoire des prix.
Le contre-pied de Dimon, l’inflation en juge de paix
Le marché s’emballe déjà pour une série de baisses : après un premier assouplissement, les courbes d’anticipations parient sur d’autres coupes d’ici la fin de l’année. Jamie Dimon, lui, met un coup de frein.
Dans un entretien, Dimon insiste sur un point simple : si l’inflation « ne s’en va pas », réduire les taux devient difficile. Il la voit encore accrochée autour de 3%, avec plus de raisons de remonter que de baisser.
Autrement dit, mieux vaut une coupe justifiée par une croissance décente qu’une baisse arrachée par la récession. Ce cadrage casse l’idée d’un chemin tout tracé vers des taux plus bas et renvoie le marché à ses fondamentaux : l’emploi, les salaires et le prix des services.
#CNBCTV18Exclusive | "I’m a little more cautious on inflation than most. Global deficits, remilitarisation, trade restructuring – all are inflationary"@jpmorgan CEO Jamie Dimon tells @_prashantnair that while the US isn’t in disaster mode, but it is weakening.
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— CNBC-TV18 (@CNBCTV18News) September 23, 2025
Les marchés n’en démordent pas. Les outils d’anticipation signalent encore une probabilité élevée d’une nouvelle baisse dès la réunion d’octobre, et une autre en décembre.
La logique financière est connue : des taux plus bas stimulent l’appétit pour le risque, et la crypto en profite souvent en deuxième rideau, une fois les flux sortis des fonds monétaires. Mais ces probabilités bougent vite au gré des données, et le rappel de Dimon pèse dans la balance.
Crypto et actifs risqués : une poussée, mais sous conditions
La mécanique est familière. Lorsque le coût de l’argent recule, les investisseurs se tolèrent plus de risque, et Bitcoin capte une partie du mouvement.
Après la coupe de 25 points de base intervenue en 2025, l’actif a d’ailleurs brièvement accéléré. Reste que le chef de file de JPMorgan envoie un signal de prudence : si l’inflation colle au plancher, l’élan peut se déliter plus vite qu’espéré.
L’écart entre l’espoir de cinq baisses sur douze mois et la capacité réelle de la Fed à livrer ce programme ouvre un halo d’incertitude. Pour la crypto, la clé n’est pas seulement « combien » mais « pourquoi » : une baisse validée par un reflux des prix nourrit un cycle durable, une baisse arrachée par la faiblesse conjoncturelle peut, à l’inverse, refermer la fenêtre après un sursaut.
Pas de menace existentielle pour les banques
Interrogé sur les stablecoins, Dimon se montre pragmatique. Il dit ne pas être « particulièrement inquiet » pour les banques.
Le sujet mérite vigilance, mais n’annonce pas, à ses yeux, un choc systémique. Il observe que des utilisateurs hors des États-Unis peuvent préférer détenir des dollars via des stablecoins plutôt que par le canal bancaire, pour des raisons très diverses.
Dans le même temps, les établissements étudient des voies communes, jusqu’à l’idée d’un consortium, pour émettre un jeton adossé qui respecterait les exigences prudentielles.
Le cadre législatif adopté cet été aux États-Unis a clarifié une partie du terrain, même si des groupes bancaires réclament de serrer davantage les règles sur la rémunération potentielle des tokens et leurs effets d’éviction sur les dépôts bancaires.
Dimon refroidit les paris sur une série de coupes rapides et renvoie le marché au juge unique de 2025-2026, l’inflation. Les anticipations restent généreuses, mais fragiles.
Côté crypto, la détente monétaire reste un vent porteur, à condition qu’elle accompagne un reflux réel des prix. Sur les stablecoins, le diagnostic est posé : sujet à suivre, pas une menace existentielle immédiate.
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