Les actions tokenisées, un nouvel instrument financier en pleine expansion, connaissent une croissance rapide. Actuellement, elles suscitent l’intérêt aussi bien des investisseurs individuels que des institutions. Toutefois, cette frénésie suscite des inquiétudes chez les autorités de régulation, en particulier pour ce qui est des enjeux de réglementation et de sécurité.
Une croissance prometteuse
En théorie, le concept des actions tokenisées est séduisant. En facilitant l’acquisition ou la disposition de fractions d’actions, elles ouvrent la voie à la détention de parts d’entreprises généralement réservées aux investisseurs aisés.
Ainsi, elles convertissent des actions traditionnelles en tokens numériques qui peuvent être échangés sur des plateformes basées sur la blockchain. Cette méthode a pour but de révolutionner la façon dont les titres financiers sont détenus et négociés.
Résultat : pour quelques dizaines d’euros seulement, il devient possible d’acheter une part d’Amazon ou de Tesla.
À cela s’ajoutent les avantages de la blockchain, tels qu’une meilleure traçabilité des transactions, ainsi qu’une réduction des coûts et des délais.
Poussé par l’intérêt croissant pour les crypto-actifs, le marché mondial des actifs tokenisés est en plein essor. Il pourrait même atteindre plusieurs centaines de milliards de dollars dans les cinq prochaines années, selon plusieurs analystes.
Des start-ups spécialisées dans la finance décentralisée (DeFi) et des plateformes d’échanges crypto mettent en avant la démocratisation de l’investissement comme argument clé.
La prudence est de mise
Toutefois, l’adoption croissante des actions tokenisées n’a pas que des aspects positifs, et les risques existent.
Les régulateurs craignent ainsi que les investisseurs contournent les règles financières traditionnelles. En effet, les tokens peuvent circuler sur des plateformes peu régulées. Ils échappent ainsi aux obligations de transparence et de sécurité qui caractérisent les actions classiques.
La supervision reste complexe à mettre en œuvre. Malgré tout, l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) a récemment souligné que les tokens représentant des titres financiers sont soumis aux mêmes régulations que les actions traditionnelles.
Mais les risques vont au-delà de la régulation. Des piratages massifs ont en effet amené les investisseurs et les régulateurs à douter de la sécurité des processus liés aux actions tokenisées. Leur protection reste en effet fragile.
Ces failles viennent contrebalancer les promesses d’accessibilité et de rapidité de la tokenisation. Une chose que les investisseurs doivent garder à l’esprit.
Mais la sécurité est un élément qui peut s’améliorer. On peut en effet s’attendre à ce que l’adoption progressive des actions tokenisées s’accompagne in fine du développement progressif de la réglementation et de la technologie. En d’autres termes, c’est en faisant qu’on comprend les failles et qu’on renforce la protection.
L’avenir semble donc plutôt favorable aux actions tokenisées. Des banques traditionnelles ont même commencé à s’intéresser à ces solutions, notamment la possibilité de créer des custodies et de proposer des services intégrés aux clients.
Finalement, le boom des actions tokenisées illustre parfaitement la dualité de l’innovation financière moderne : un potentiel énorme pour démocratiser l’accès aux marchés, mais aussi une zone grise réglementaire qui pourrait être exploitée à mauvais escient.
À lire aussi :
- Le Nasdaq révolutionne la bourse avec les premières actions tokenisées
- L’ESMA pointe les risques des actions tokenisées pour les particuliers
- Robinhood permet enfin d’acheter des actions tokenisées