Pourquoi l’European Securities and Markets Authority (ESMA) pourrait devenir la « SEC européenne » du marché crypto

Updated 4 heures ago by · 4 mins read

Un acteur européen du marché des cryptomonnaies fait de plus en plus parler de lui. Ce n’est ni une nouvelle entreprise, ni un grand investisseur… Mais bien l’Autorité européenne des marchés financiers, ou European Securities and Markets Authority (ESMA) en anglais. Dans la récente course mondiale à la régulation, certains experts n’hésitent plus à qualifier l’organisation de future « SEC européenne » du marché crypto.

Un rôle de premier plan

Commençons par le commencement. L’ESMA a été créée en 2011. Sa mission principale est d’assurer la stabilité et la transparence des marchés financiers européens.

Jusqu’à présent, son attention portait surtout sur les produits financiers traditionnels. Mais aujourd’hui, la donne a changé. En effet, les récents événements nous montrent que les cryptomonnaies s’imposent comme une réalité incontournable des marchés financiers mondiaux.

Cette barrière de plus en plus poreuse entre finance traditionnelle et finance décentralisée a pour conséquence de redéfinir le champ d’action de l’ESMA. L’organisation européenne doit également s’adapter à ces changements si elle veut continuer à surveiller le marché.

Le marché des cryptomonnaies est en effet en pleine mutation. Les avancées technologiques, la montée de l’inflation, les dangers de spéculation excessive, le manque de régulations précises…  Ces éléments ont le potentiel de bouleverser le secteur, ce qui pourrait affecter les institutions financières traditionnelles.

C’est pourquoi l’ESMA s’est vue confier de nouvelles responsabilités dans l’univers des actifs numériques. Elles s’inscrivent notamment dans le cadre de l’adoption du règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets). Entré en vigueur en décembre 2024, il vise à harmoniser la régulation dans les vingt-sept États membres de l’Union européenne.

L’ESMA devient ainsi l’autorité de référence pour superviser les principaux prestataires de services sur le marché des actifs numériques. Ces derniers comprennent notamment les plateformes d’échange et les émetteurs de stablecoins internationaux.

La dimension internationale des échanges de cryptomonnaies ne fait plus de doutes. L’objectif de cette nouvelle réglementation est donc d’assurer une réelle cohérence européenne dans un marché intrinsèquement transfrontalier.

Il s’agit également d’éviter la fragmentation des régulations, qui risquerait d’affaiblir la compétitivité de l’UE et de nuire à la sécurité des investisseurs.

Pour remplir ce rôle de manière optimale, l’ESMA bénéficie de nombreux atouts. D’abord, elle détient une expertise avérée dans le contrôle des marchés et la prévention des risques.

L’organisation européenne, à travers son réseau de collaboration avec les autorités nationales, jouit aussi d’une perspective complète et cohérente des pratiques commerciales.

Surtout, elle dispose d’un mandat clair de l’Union européenne. Cela lui permet d’intervenir directement lorsque les enjeux dépassent les capacités d’un seul État membre.

Une vision cohérente pour l’Europe

L’ensemble de ses avantages et de ses prérogatives lui valent de plus en plus le surnom de « SEC européenne » des marchés des cryptomonnaies.

La Securities Exchange Commission est l’organisme américain chargé de la régulation financière des États-Unis. Il dispose d’un pouvoir de supervision centralisé, d’où le rapprochement avec l’ESMA.

Cet avenir prometteur pour l’Autorité européenne des marchés financiers n’empêche pas les défis. Afin de suivre l’évolution rapide des technologies blockchain, l’ESMA devra renforcer ses moyens humains et techniques. Le marché des cryptos évolue en effet souvent bien plus vite que celui de la finance traditionnelle.

L’organisation aura ainsi pour mission de soutenir l’innovation sur le marché des actifs numériques, tout en renforçant la régulation. Les acteurs européens doivent en effet rester compétitifs face à la concurrence américaine et asiatique.

Cet équilibre ne peut s’atteindre que par une coopération efficace entre les différentes autorités européennes, telles que la Banque centrale européenne ou les superviseurs nationaux. L’idée est d’éviter les chevauchements de compétences, qui pourraient fragiliser et ralentir l’innovation.

Si l’ESMA réussit à relever ces défis, elle pourrait obtenir l’image d’un régulateur européen fort, capable de s’imposer dans un secteur de plus en plus dominé par des acteurs américains et asiatiques.

Par ricochet, cela pourrait avoir des conséquences positives pour toute l’Union européenne. Le territoire deviendrait ainsi un pôle d’innovation réglementaire reconnu à l’échelle mondiale.


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