Le secteur des paris basés sur la cryptomonnaie subit un coup dur en Roumanie. Le régulateur national du jeu, l’ONJN, a décidé de bannir Polymarket, une plateforme très populaire de paris basés sur la blockchain. Cette mesure tombe après une explosion de paris liés aux élections locales et présidentielles, évaluée à plus de 600 millions de dollars en crypto.
Une vague de paris crypto et liste noire
Pendant les élections roumaines, Polymarket a connu un engouement fou. Des milliers d’utilisateurs ont misé sur les résultats politiques, après sa collaboration avec Metamask, alimentant une frénésie inédite.
En quelques semaines, les volumes de mises ont grimpé en flèche, dépassant les 600 M$ selon les estimations de l’ONJN. Rien que pour la mairie de Bucarest, les parieurs auraient engagé plus de 15 M$ sur le vainqueur.
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— Polymarket (@Polymarket) October 31, 2025
Cette vague de paris crypto n’a rien d’anodin. Cela montre à quel point les plateformes de paris attirent désormais un large public, bien au-delà des cercles de traders.
Beaucoup y voient un nouveau moyen d’investir, d’autres un simple divertissement numérique. Mais pour les autorités, le constat est clair : ces opérations ressemblent davantage à du jeu d’argent non autorisé qu’à du trading.
Le régulateur ONJN a d’ailleurs souligné que, peu importe la devise utilisée, crypto ou fiat, « parier sur un résultat futur reste un pari ». Et dans ce cas, les règles roumaines sur les jeux d’argent s’appliquent strictement.
Une affaire de licence et de régulation
Officiellement, Polymarket est accusé d’exercer sans licence locale. Mais le régulateur va plus loin. Dans son communiqué, il évoque plusieurs violations spécifiques : absence de rapports fiscaux, défaut de mécanismes de protection des joueurs et manque de procédures anti-blanchiment (AML).
Autant de points qui enfreignent directement la législation roumaine sur les jeux de hasard et la finance numérique. La plateforme figure désormais dans leur liste noire nationale.
En réaction, l’ONJN a pris des mesures concrètes. Les internautes roumains ne peuvent plus accéder facilement à Polymarket. Les fournisseurs d’accès à Internet ont en effet reçu l’ordre de bloquer l’accès au site. En conséquence, les utilisateurs locaux risquent des sanctions s’ils essaient de contourner cette interdiction.
Cette rigueur s’inscrit dans une série de décisions visant à encadrer les paris crypto, comme on l’a vu lorsque, le bitcoin sous 100k, a aussi déclenché des débats sur la régulation mondiale.
Effectivement, cette décision ferme envoie un message très clair à l’ensemble du secteur de la finance décentralisée (DeFi). Elle prouve que les régulateurs du monde entier sont en train de rattraper leur retard. Et pour Bucarest, la blockchain ne doit pas devenir une zone sans loi. Les autorités rappellent qu’on peut innover, mais toujours dans les règles du jeu.
Un signal fort à l’international
Cette décision ne tombe pas du ciel. En réalité, elle s’inscrit dans une tendance mondiale. Déjà en 2022, Polymarket avait été condamnée par la CFTC, le régulateur américain des marchés à terme, pour exploitation d’un marché d’événements non enregistré.
Depuis, plusieurs pays européens, dont la France, la Belgique et la Pologne, surveillent de près la plateforme. Même Singapour a récemment restreint ses activités.
Ce durcissement global montre bien que la frontière entre prédiction de marché et pari en ligne devient de plus en plus floue. Les régulateurs ne veulent plus laisser de zones grises dans un secteur dans lequel les flux financiers échappent souvent aux radars fiscaux.
Et pourtant, malgré tous ces obstacles, Polymarket ne semble pas freiner sa marche. La société a dernièrement obtenu un investissement colossal de 2 milliards de dollars de la part d’Intercontinental Exchange (ICE), la maison mère du New York Stock Exchange.
De plus, elle prépare même un retour sur le marché américain, avec un modèle repensé autour des paris sportifs et d’événements légaux.
Ce bras de fer entre innovation crypto et régulation nationale montre que la partie ne fait que commencer. Polymarket reste un symbole d’une nouvelle ère où finance décentralisée et régulation se cherchent encore un terrain d’entente.
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