L’idée est simple sur le papier et explosive politiquement : prélever des tarifs douaniers, reverser une partie de la manne sous forme de « dividende » de 2 000$ par personne, et laisser les électeurs juger à la caisse comme sur les marchés.
Comment fonctionnerait vraiment ce « dividende tarifaire » ?
Pour l’instant, beaucoup de choses restent floues. La Maison-Blanche parle d’un paiement de 2 000$ par adulte financé par les recettes de tarifs, avec une exclusion pour les revenus les plus élevés, et un seuil évoqué autour de 100 000$ de revenus annuels.
Ce n’est pas un détail technique, c’est ce qui détermine combien de foyers toucheront l’argent, et donc l’ampleur du choc de demande.
Autre zone grise : la forme. Des chèques envoyés physiquement ou des virements directs sur les comptes bancaires ne produisent pas les mêmes comportements qu’un crédit d’impôt différé de plusieurs mois.
A $2,000 “tariff stimulus” for Americans earning under $100K is basically fiscal QE redistribution through trade penalties.
It props up short term demand but fuels the same inflation loop we’ve been trying to escape since 2020.
— Crypto Jargon (@Crypto_Jargon) November 12, 2025
Plus c’est concret et rapide, plus la tentation est forte d’en mettre une partie en bourse, en crypto ou de simplement éponger des dettes.
Il y a aussi le frein juridique. Le plan dépend d’une bataille devant la Cour suprême sur la légalité du schéma tarifaire lui-même.
Les marchés de prédiction ne donnent pas une probabilité écrasante à une validation pure et simple. On n’est pas dans un scénario « 100% certain, il suffit d’attendre le virement ».
Ce que les précédents chèques US ont réellement fait à Bitcoin
Impossible de ne pas penser aux chèques de 2020-2021.
À l’époque, les versements massifs aux ménages coïncident avec une explosion des volumes sur les exchanges de détail, des achats de quelques centaines de dollars en BTC ou en ETH, et une montée de Bitcoin de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de dollars en moins d’un an.
En réalité, ces versements ont surtout servi de catalyseur dans un environnement déjà ultra favorable, avec des taux presque à zéro, des banques centrales inondant le système de liquidité et une narration « argent magique » qui portait tout le risque.
La vraie leçon est plus nuancée. Quand les ménages reçoivent du cash non anticipé dans un contexte d’euphorie, une partie finit effectivement dans les actifs risqués.
Mais ce n’est ni la seule variable ni la plus lourde. Sans l’arrière-plan monétaire ultra accommodant de l’époque, l’effet aurait été beaucoup plus modeste.
2025 n’est pas 2020 : taux élevés et retail rincé
Sur le marché, Bitcoin a passé l’année à alterner phases de poussées violentes et longues périodes de latéralisation autour de la zone des 100 000$, avec une volatilité en recul et un intérêt de détail moins visible qu’aux grands jours de 2021.
Les volumes spot ont diminué sur de nombreuses plateformes, les nouveaux entrants sont rares, et une partie des traders particuliers a été lessivée par les cycles précédents.
Dans ce contexte, un chèque de 2 000$ peut déclencher un sursaut, mais ce ne sera pas forcément le même feu d’artifice que la première fois.
Treasury Secretary Mnuchin just said the Federal Reserve and Treasury are working to provide “unlimited liquidity” to the financial system.
UNLIMITED LIQUIDITY.
This is going to be the greatest monetary stimulus experiment in history.
Bitcoin was built for this.
— Anthony Pompliano 🌪 (@APompliano) March 13, 2020
La mécanique psychologique compte énormément. Un crédit d’impôt qui réduit la facture en avril n’a pas le même effet qu’un virement direct fin de mois alors que l’utilisateur scrolle déjà sur son app de trading.
De la même manière, un marché qui doute de tout et privilégie le cash peut choisir de payer des factures, rembourser une carte de crédit ou simplement renforcer une épargne de précaution plutôt que de cliquer sur « acheter BTC ».
Enfin, la dette publique et l’inflation ne sont plus des arrière-plans abstraits. Beaucoup d’investisseurs voient déjà dans Bitcoin une couverture de long terme contre l’érosion monétaire.
Quel scénario réaliste pour la crypto si les 2 000$ arrivent vraiment ?
Sur Bitcoin et les grosses capitalisations, l’effet le plus probable est un coup d’accélérateur sur un mouvement déjà en cours, plutôt qu’un retournement complet de tendance.
Si la macro reste lourde, avec des taux réels élevés et un appétit au risque limité chez les institutionnels, le marché peut très bien absorber ce surplus de demande puis revenir à son rythme initial.
Dans ce cas, l’impact sur la crypto devient beaucoup plus diffus. L’idée de « 2 000$ cash pour tout le monde » nourrit encore quelques trades opportunistes, mais la réalité budgétaire ne suit pas, et le marché revient à ses préoccupations habituelles.
Selon ABC News, le Secrétaire au Trésor Scott Bessent a jeté un doute sur la faisabilité du plan en suggérant que les 2 000$ pourraient simplement faire référence aux économies d’impôts déjà votées, plutôt qu’à un versement direct.
À lire aussi :
- Eric Trump : Bitcoin à 1M$ et IPO d’American Bitcoin
- La fortune des Trump explose grâce aux crypto-monnaies
- Trump Media détient 2 milliards $ en Bitcoin
