L’idée d’un « Fort Knox » pour Bitcoin a quitté le registre du fantasme pour entrer dans celui de la mise en œuvre. Sept mois après le décret présidentiel lançant une « Strategic Bitcoin Reserve », le message venu de Washington est clair : la collecte de fonds peut démarrer dès maintenant, même si la machine législative avance au pas.
Lummis met la pression à Washington
Dans un contexte où l’or, les actions et BTC montent de concert, l’annonce ravive une question simple : quand l’État américain passera-t-il de la théorie à l’achat effectif ?
La sénatrice pro-crypto Cynthia Lummis a rappelé que le nerf de la guerre n’est pas technique mais procédural. Selon elle, le financement initial de la réserve peut commencer, l’obstacle étant surtout l’enchaînement des textes et des étapes administratives.
Pour les marchés, ce signal suffit à réactiver le débat sur un acheteur qui pourrait lisser la volatilité et professionnaliser la gestion publique de BTC.
This is a fabulous articulation of why the SBR and passing the BITCOIN Act makes so much sense.
Legislating is a slog and we continue to work toward passage but, thanks to President Trump, the acquisition of funds for an SBR can start anytime. ⤵️ https://t.co/gUkeZBPQr4
— Cynthia Lummis 🦬 (@CynthiaMLummis) October 6, 2025
Dans les desks, on s’interroge moins sur le « si » que sur le « comment ». L’architecture de la réserve ne ressemble pas à un ETF et n’a pas vocation à faire du timing.
Elle vise la détention longue, calibrée pour la souveraineté financière.
Ce que prévoit déjà le cadre officiel
Le décret signé au printemps pose deux pierres angulaires. D’abord, l’amorçage par des bitcoins confisqués et conservés par le Trésor à la suite de procédures civiles ou pénales.
Ensuite, la possibilité d’accroître ce stock par des voies « budgétairement neutres », sans charge nouvelle pour le contribuable. Traduction : pas de chèque géant sur le budget fédéral, mais une ingénierie d’allocation et de réemploi d’actifs saisis, avec audit complet des avoirs publics en BTC.
Ce socle s’accompagne d’une ligne politique : traiter Bitcoin comme un actif stratégique à l’offre finie, distinct d’un panier d’actifs numériques plus large qui obéirait à d’autres règles de gestion.
En arrière-plan, la Maison Blanche a présenté cette réserve comme un « digital Fort Knox », une métaphore qui dit l’essentiel : stockage, traçabilité, contrôle, plutôt que spéculation.
Reste l’articulation avec le Congrès. Certaines dispositions peuvent vivre sous décret, d’autres exigeront une loi pour sécuriser l’intendance dans le temps.
Ce morcellement explique le tempo irrégulier observé depuis l’annonce, sans invalider la trajectoire générale.
Le scénario que les marchés guettent
Pour les acteurs de marché, le véritable déclencheur sera une première annonce d’achats sur le marché ou en gré à gré. C’est ce qu’anticipent les plus offensifs, convaincus qu’un acheteur étatique, même progressif, pourrait ancrer une prime de rareté et aspirer une partie de l’offre circulante.
Dans ce cas, la pédagogie publique sur la garde, la cybersécurité et la transparence deviendrait au moins aussi importante que le volume acquis.
💥BREAKING: SENATOR CYNTHIA LUMMIS HINTING ON STRATEGIC #BITCOIN RESERVE AGAIN.
IT'S HAPPENING!!! 🚀 pic.twitter.com/TG9hQKNTN8
— Crypto Rover (@rovercrc) February 16, 2025
À court terme, deux voies sont regardées : l’absorption mécanique de nouveaux BTC saisis et une fenêtre pour des acquisitions opportunistes en période de stress de liquidité. À moyen terme, les desks s’attendent à des achats calibrés pour ne pas perturber les carnets, avec recours au gré à gré institutionnel.
Point de vigilance : une telle présence pourrait aussi renforcer les réflexes « buy the dip » et, paradoxalement, durcir les creux.
Les inconnues qui restent encore
Sur le plan politique, l’empilement des priorités budgétaires et la mécanique des comités peuvent retarder des volets secondaires, sans nécessairement bloquer l’amorçage. Les textes existants laissent déjà un espace pour constituer et tenir la réserve, l’essentiel étant d’éviter toute ambiguïté sur l’objectif.
Pour l’écosystème, l’enjeu dépasse la simple trajectoire de prix. Un État qui détient, audite et publie ses avoirs en BTC impose un standard de conformité, de sécurité opérationnelle et de comptabilité qui rejaillit sur les grandes institutions privées.
À ce stade, le signal est double. Politique : il est désormais légitime pour l’État de traiter Bitcoin comme un actif stratégique au même titre que l’or, avec une gouvernance dédiée.
Technique : l’infrastructure et les règles pour détenir du BTC de manière sûre à l’échelle d’un État sont en train d’être écrites. Le marché, lui, n’attend qu’une chose : la première ligne « achat » sur le relevé de la réserve.
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