Bruxelles prépare des sanctions contre les cryptos russes

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L’Union européenne s’apprête à franchir un cap dans sa réponse financière à la guerre en ciblant directement un stablecoin indexé sur le rouble. Bruxelles envisage d’interdire à toute entité ou personne basée dans l’UE d’interagir, directement ou par intermédiaires, avec A7A5, un stablecoin adossé au rouble et devenu le plus gros stablecoin non libellé en dollar.

Le stablecoin A7A5 dans le viseur de Bruxelles

Au cœur du texte, l’idée est simple. Couper les canaux crypto qui servent de dérivatif au système financier russe.

Dans le viseur également, plusieurs établissements financiers en Russie, au Belarus et en Asie centrale soupçonnés d’avoir facilité des transactions crypto pour des acteurs sanctionnés. Le message est de réduire les contournements via des circuits digitaux.

Ce serrage de vis intervient après le blocage de transactions pour les résidents russes sur des plateformes crypto et des restrictions visant des banques partenaires hors Russie.

Sur le plan politique, il s’agit de rester aligné avec Londres et Washington, qui ont déjà sanctionné des maillons de cette chaîne en août, dont la Capital Bank of Central Asia et des bourses kirghizes.

L’UE veut, elle aussi, tarir les poches de liquidité qui alimentent l’économie de guerre.

Banques régionales sous pression, conformité en première ligne

Bruxelles n’attaque pas seulement un jeton. Elle signale aux banques de la région qu’une activité crypto jugée complaisante les expose.

Les documents visent des établissements en Russie, au Belarus et en Asie centrale accusés d’avoir permis des règlements via stablecoins, y compris pour des entités déjà listées. La mécanique des sanctions reste connue.

Geler, interdire, et empêcher l’usage d’intermédiaires pour contourner les règles. Mais elle exige une exécution fine côté conformité, avec du filtrage d’adresses, du suivi on-chain et la capacité à distinguer un paiement légitime d’un schéma d’évasion.

Dans ce contexte, A7A5 occupe une place singulière. Lancé en février sur Ethereum et Tron par le banquier moldave Ilan Shor avec l’appui de la banque publique russe Promsvyazbank, le jeton se présente comme adossé à des dépôts fiat détenus dans le réseau bancaire kirghize.

Après les sanctions européennes du 19 septembre contre certaines plateformes de stablecoins, sa capitalisation a bondi de 140 à plus de 491 millions de dollars en une journée, signe d’un report de flux vers des rails perçus comme plus « résilients ».

C’est précisément ce type de dynamique que le nouveau texte voudrait casser.

Un stablecoin qui grossit malgré tout

Malgré la pression, A7A5 plafonne désormais autour de 500 millions de dollars, soit environ 43 % du marché des stablecoins non adossés au dollar. À titre de comparaison, l’euro-stablecoin EURC de Circle pèse près de 255 millions.

Le paradoxe saute aux yeux. Plus les autorités ciblent l’écosystème, plus certains jetons captent l’attention comme alternatives aux canaux officiels.

A7A5 a même tenu un stand à Token2049 avant d’être retiré de la programmation par les organisateurs, preuve que la bataille se joue aussi dans les cercles de l’industrie.

Cette traction post-sanctions explique donc le durcissement envisagé. En effet, les autorités ne veulent pas seulement empêcher l’usage du jeton par des acteurs européens, elles veulent couper son accès à des prestataires, des banques correspondantes et des funnels de liquidité en Europe.

À noter que Singapour avait aussi pris ses distances. Et ce, tandis que le Royaume-Uni et les États-Unis ont aligné plusieurs désignations cet été, couvrant des entités d’infrastructure et des bourses régionales utilisées pour les conversions.

Vers une très prochaine sanction

Toute sanction européenne requiert par ailleurs l’accord des vingt-sept, et le texte peut évoluer d’ici son adoption. S’il passe, les entreprises et particuliers de l’UE ne pourront plus traiter avec A7A5, même via des tiers.

Les prestataires européens devront muscler leurs contrôles, cartographier les expositions indirectes et actualiser rapidement leurs listes de blocage. L’épisode Token2049 rappelle enfin que la pression n’est pas qu’étatique.

La réputation compte donc. Et dans un environnement où l’UE, le Royaume-Uni et les États-Unis cherchent désormais à synchroniser leurs listes, l’espace de manœuvre se réduit pour les jetons et les banques qui serviraient d’échappatoire.


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