Les CBDC avancent discrètement : vers un modèle hybride avec les stablecoins privés

Updated on Oct 10, 2025 at 4:44 pm UTC by · 3 mins read

Si les feux des projecteurs du marché crypto se sont récemment braqués sur les ETF crypto et les memecoins, une autre initiative avance doucement mais sûrement : celle des monnaies numériques de banque centrale (CBDC). Et elle promet d’être transformatrice de par son ampleur.

De la compétition à la coexistence

Les CBDC ont connu un battage médiatique en 2021 et 2022, alors que la Chine lançait son yuan numérique et que plusieurs banques commençaient à publier leurs premières feuilles de route sur le projet.

Depuis, l’intérêt des médias s’est calmé. Mais pas celui des pays. Au contraire, nombreux sont ceux qui ont accéléré leurs expérimentations.

Et de ce que l’on peut voir, la dynamique est aujourd’hui différente. Ainsi, les pays qui se tournent vers les monnaies numériques privilégient une approche hybride qui mêle infrastructures publiques et stablecoins privés.

Pendant plusieurs années, CBDC et stablecoins semblaient prendre des chemins différents. D’un côté, les banques centrales cherchaient à développer une version numérique de leurs devises nationales, qui serait contrôlée par les autorités monétaires.

De l’autre, les stablecoins s’imposaient dans l’économie numérique comme des alternatives plus rapides et globales à la monnaie traditionnelle. Contrairement à cette dernière, ils étaient souvent émis par des entreprises privées comme Circle ou Tether.

Mais la réalité du terrain pousse désormais vers une coexistence pragmatique.

Le Brésil, par exemple, mène actuellement des tests de son futur real numérique, baptisé Drex. La Banque centrale du Brésil collabore avec plusieurs fintechs pour assurer l’interopérabilité de cette CBDC avec des stablecoins locaux adossés à des dépôts bancaires.

L’objectif : permettre des paiements instantanés entre particuliers et entreprises, sans passer par les rails traditionnels.

La dynamique est la même en Corée du Sud. La Banque de Corée travaille en effet avec plus de 100 entreprises locales sur un prototype de règlement combinant CBDC et stablecoins autorisés.

Le but est d’explorer un écosystème où les deux types de monnaies circulent ensemble, chacune jouant un rôle complémentaire : la CBDC pour la stabilité et la traçabilité, le stablecoin pour la flexibilité et l’innovation.

Vers un futur monétaire hybride

Des cadres réglementaires plus précis permettent cette évolution. En Europe, les stablecoins sont encadrés par le règlement MiCA. Ils sont donc soumis à la supervision des régulateurs, ce qui permet à des acteurs privés d’investir en toute sécurité.

Les États-Unis quant à eux sont en plein développement de leur dollar numérique. En parallèle, on observe une forte volonté d’intégrer les stablecoins dans l’infrastructure financière, comme le montre des discussions entre Circle, les banques et la Réserve fédérale.

Ainsi, le futur monétaire ne serait ni totalement centralisé, ni totalement décentralisé. Un futur où chacun garde finalement son rôle. Les banques restent les garantes de la valeur. Les stablecoins privés, pour leur part, deviennent des « interfaces d’usage » dans le monde numérique.

Ce modèle hybride présente de nombreux avantages. Il permet la rapidité des transactions, une réduction des coûts de transfert et une meilleure inclusion financière. Il maintient également un certain contrôle réglementaire.

Cependant, il soulève aussi des défis. Entre protection des données, gouvernance technologique, dépendance éventuelle des États envers des infrastructures privées… Les problèmes à résoudre restent nombreux.

Finalement, le développement des CBDC, bien qu’il soit discret, marque une évolution profonde de la finance mondiale. Il laisse envisager un avenir où banques centrales et entreprises travaillent main dans la main.

Dans ce système coopératif, tous ces acteurs réinventent ensemble la monnaie à l’ère numérique. Ainsi, CBDC et stablecoins se complètent dans un partenariat stratégique.


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