Binance : CZ tacle un projet de token adossé à l’or

Updated 5 heures ago by · 4 mins read

Le message est frontal : pour Changpeng « CZ » Zhao, le token or promis par Peter Schiff n’est pas de « l’or onchain » mais un simple papier numérisé. Autrement dit, un actif « trust me bro » qui repose sur la parole d’un dépositaire et non sur des garanties cryptographiques.

Un « trust me bro » qui ne passe pas

CZ résume le problème en une phrase : ce que vend ce projet de token adossé à l’or, ce n’est pas des lingots circulant sur une blockchain, c’est la promesse qu’un tiers livrera l’or plus tard, quelles que soient les crises, les changements de management ou les contraintes géopolitiques.

Pour un univers qui s’est construit sur la désintermédiation et la preuve, le rappel est cinglant.

Dans l’écosystème, le scepticisme ne vise pas l’or en tant que tel, mais le maillon faible : le coffre et son gardien. Tant que l’utilisateur ne peut ni vérifier la quantité ni forcer la livraison autrement que par la voie contractuelle, le jeton reste, par construction, offchain sur l’essentiel.

D’où la critique de CZ, qui oppose code, ZK proofs et finalité onchain à des reconnaissances de dette tokenisées.

Le pitch de Schiff : l’or, mais en appli et carte de paiement

Peter Schiff n’en démord pas. Invité par ThreadGuy, le pourfendeur de Bitcoin a détaillé son projet : achat et garde en coffre via une application, transfert de propriété sur blockchain, possibilité de retrait en métal et même carte de débit adossée aux avoirs.

Pour lui, c’est la manière la plus simple de « dépenser de l’or » au quotidien, tout en préparant un monde où le dollar perdrait son rôle central et où l’épargne refuserait l’érosion monétaire. Dans la même veine, il martèle que BTC n’a « aucune valeur intrinsèque » et « ira à zéro » tôt ou tard.

La ligne est connue, mais elle trouve un écho dans un contexte de dettes publiques sous tension. Reste la vraie question : si l’argument est l’inclusion financière et la simplicité d’usage, pourquoi choisir un modèle qui réintroduit un point de défaillance unique ?

Les tenants de la self-custody répliquent que l’histoire récente regorge d’exemples où la promesse de livraison s’est heurtée à la réalité des contraintes juridiques ou des gel de comptes.

Entre or et Bitcoin : la bataille de la confiance, chiffres à l’appui

La conjoncture offre à CZ un contre-exemple commode. L’or vient d’encaisser l’une de ses pires dégringolades en une décennie, avec une chute intraday de plus de 6 % et un effacement éclair de valeur boursière qui se compte en milliers de milliards.

Les marchés ont la mémoire courte, mais ces à-coups rappellent que la « valeur refuge » n’est jamais un bouclier absolu. Ce n’est pas un réquisitoire contre le métal.

C’est un rappel : même l’actif le plus ancien du monde reste soumis aux flux, aux appels de marge, aux rotations de portefeuille. La différence, côté crypto, tient à la gouvernance des registres et à la possibilité de prouver sans dévoiler.

Là où un gold token demande de croire un dépositaire, un transfert onchain offre une finalité observable et des mécanismes de preuve. La confiance ne disparaît pas, elle change de nature.

Au-delà de la punchline : ce que la sortie de CZ implique pour l’industrie

Deux routes se dessinent. Première route : des droits de créance sur des biens physiques en espérant que la couche juridique fasse le lien.

Deuxième route : bâtir des schémas où la preuve, la garde et la livraison sont nativement onchain, ou à minima accompagnées de garanties vérifiables sans se reposer sur un unique gardien. La première est plus rapide à mettre en marché.

La seconde est plus fidèle à l’esprit crypto.

Le parallèle est éclairant : on exige des preuves et des filets de sécurité des acteurs crypto. On doit exiger au moins autant de ceux qui promettent de livrer de l’or « plus tard ».

En clair : si l’or veut vraiment vivre onchain, il devra accepter les mêmes standards de preuve, de transparence et de finalité que ceux que la crypto a dû adopter sous la pression des utilisateurs.

Sans cela, le « token adossé à l’or » restera une belle affiche. Et une promesse.


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