Do Kwon condamné à 15 ans de prison la chute du roi de Terra

Updated on Déc 12, 2025 at 5:43 pm UTC by · 4 mins read

Do Kwon, ex patron de Terraform Labs, a été condamné à 15 ans de prison fédérale pour fraude massive dans l’affaire Terra Luna. Une sentence lourde qui marque un tournant pour l’industrie crypto et ses figures les plus controversées.

L’effondrement de Terra Luna 50 milliards partis en fumée en 72 heures

Tout d’abord, en mai 2022, l’écosystème Terra s’est effondré à une vitesse que peu d’actifs financiers avaient connue jusque-là. En l’espace de trois jours, plus de 40 à 50 milliards de dollars de capitalisation ont été anéantis, faisant disparaître l’illusion d’un stablecoin algorithmique prétendument capable de maintenir sa parité avec le dollar en toutes circonstances.

Dans ce contexte, TerraUSD, censé rester à 1 dollar, a décroché brutalement, entraînant dans sa chute Luna, le token chargé d’absorber les déséquilibres du système.

À son apogée, le duo UST Luna pesait près de 60 milliards de dollars, porté par une promesse simple et dangereuse à la fois. Un mécanisme algorithmique présenté comme autocorrectif, renforcé par une communication agressive de son fondateur.

Do Kwon affirmait publiquement que le protocole était résilient, capable d’absorber n’importe quel stress de marché. Ces affirmations se sont révélées fausses.

Très rapidement, les conséquences ont été immédiates et brutales. Des milliers d’investisseurs particuliers ont vu leurs économies disparaître. Des suicides ont été signalés dans plusieurs pays. L’onde de choc s’est propagée bien au-delà de Terra. Three Arrows Capital, Celsius, Voyager et d’autres acteurs majeurs ont sombré dans les mois suivants.

Au cœur de la tempête, Do Kwon multipliait les déclarations provocatrices, minimisant la situation et affirmant déployer davantage de capital pour défendre l’écosystème. Avec le recul, ces prises de parole, aujourd’hui largement documentées par les procureurs, ont pesé lourd dans la qualification pénale des faits.

La cavale l’arrestation et le long chemin judiciaire

Dans la foulée, après l’effondrement de Terra Luna, Do Kwon disparaît rapidement des radars. Il quitte Singapour, multiplie les déplacements en Europe et en Asie, tout en niant être en fuite.

Progressivement, cette période marque le début d’une cavale qui durera près d’un an. En mars 2023, il est finalement arrêté à l’aéroport de Podgorica, au Monténégro, en possession de faux passeports costariciens.

Dès lors, cette arrestation ouvre une longue séquence judiciaire. Do Kwon passe près de 21 mois en détention au Monténégro, condamné localement pour usage de faux documents. Parallèlement, deux pays réclament son extradition. La Corée du Sud et les États-Unis réclament sa remise, où les poursuites fédérales sont les plus sévères.

Finalement, en décembre 2024, la Cour suprême du Monténégro tranche en faveur des États-Unis. Do Kwon est extradé à New York en janvier 2025. Inculpation immédiate par le Département de la Justice américain. Neuf chefs d’accusation. Jusqu’à 135 ans de prison pour l’ancien fondateur de Terra. Le dossier est massif. Les preuves s’accumulent.

Face à cette réalité, la stratégie change. En août 2025, Do Kwon accepte un accord de plaidoyer. Fin du bras de fer. Il reconnaît sa culpabilité sur deux chefs majeurs, conspiration pour fraude et fraude électronique, en échange de l’abandon des autres charges. Dans le même temps, accepte également la saisie de plus de 19 millions de dollars.

La sentence du 11 décembre, quinze ans et un message clair aux cryptos

Sans surprise, le 11 décembre 2025, le verdict tombe au tribunal fédéral du Southern District de New York. Do Kwon est condamné à 15 ans de prison fédérale, assortis de trois années de liberté surveillée.

Le juge Paul Engelmayer qualifie l’affaire de fraude épique à l’échelle générationnelle, soulignant l’ampleur des dommages financiers et humains causés par l’effondrement de Terra.

Par ailleurs, la demande de transfert immédiat en Corée du Sud est rejetée. Do Kwon purgera sa peine aux États-Unis, avec la possibilité de solliciter un transfert international après avoir accompli environ la moitié de sa condamnation.

Lors de l’audience, vêtu d’une tenue de prison, il exprime des remords appuyés et assume publiquement la responsabilité de l’effondrement.

Pour les procureurs, cette peine envoie un signal fort. L’ère de l’impunité des fondateurs crypto est terminée. Après Sam Bankman Fried condamné à 25 ans et Alex Mashinsky à 12 ans, Do Kwon devient un nouveau symbole de la répression post 2022. Une régulation par le droit pénal, brutale, mais assumée.

Ainsi, l’industrie crypto sort profondément marquée de cette affaire. La taille, l’influence ou l’arrogance ne protègent plus. Les fondateurs qui mentent, manipulent ou dissimulent des risques systémiques peuvent finir derrière les barreaux, comme n’importe quel dirigeant de la finance traditionnelle.

Avec Do Kwon incarcéré jusqu’à ses quarante-neuf ans au minimum, le mythe des génies intouchables de la crypto vient définitivement de s’effondrer.


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