La jauge vient de toucher un plancher historique. Les soldes d’ETH présents sur les exchanges centralisés sont tombés à 14,8 millions d’unités, leur niveau le plus bas depuis 2016. La tendance baissière est engagée depuis des années, mais elle s’est nettement accélérée depuis la mi-juillet avec une nouvelle décrue d’environ 20%.
Un plancher de neuf ans et des sorties record
Dans le même temps, le ratio « réserves d’exchange rapportées à l’offre totale » est revenu autour de 0,14, un niveau qu’on n’avait plus vu depuis juillet 2016. Autrement dit, de moins en moins d’ETH attendent dans les carnets pour être vendus, de plus en plus d’ETH migrent vers les cold wallets, le staking ou la DeFi.
Les métriques de flux racontent la même histoire. La moyenne mobile sur 30 jours des flux nets d’ETH sortant des plateformes vient d’atteindre un sommet inédit depuis la fin 2022. Un autre indicateur montre une variation de position nette autour de moins 2,18 millions d’ETH sur une seule journée, un niveau n’ayant été dépassé que cinq fois en une décennie.
Le message est limpide : les exchanges perdent de la marchandise et la pression de vente immédiate diminue selon les données Glassnode. Le ressenti du marché s’en fait l’écho, y compris chez des observateurs grand public qui mettent en avant la raréfaction de l’offre.
$ETH supply on exchanges is dropping fast.
Now at the lowest levels in years in 9 years.
No one is ready for the Ethereum supply squeeze. pic.twitter.com/nLsBcoZwWl
— Lark Davis (@TheCryptoLark) September 3, 2025
Ce retrait ne se traduit pas automatiquement par une ligne droite haussière. La semaine écoulée l’a rappelé avec un repli de plus de 11% du prix d’ETH sous 4 100 dollars. Moins d’offre flottante prépare des réactions plus vives quand la demande s’épaissit, mais n’annule pas l’impact de la macro, des désendettements forcés ou des prises de profits.
Qui aspire l’offre et où vont les ETH ?
Deux blocs absorbent l’essentiel. D’abord les trésoreries crypto et entreprises spécialisées. Depuis avril, environ 68 entités ont accumulé 5,26 millions d’ETH, soit près de 21,7 milliards de dollars et environ 4,3% de l’offre. Parmi elles figure un acteur corporatif devenu détenteur de plus de 2% d’ETH à lui seul.
La plupart ne laissent pas ces jetons dormir sur les exchanges : ils sont stakés pour produire un rendement, ou stockés par un dépositaire qualifié hors du risque de contrepartie. Ensuite, les ETF au comptant américains jouent un rôle croissant.
Ils totalisent désormais environ 6,75 millions d’ETH, presque 28 milliards de dollars, soit environ 5,6% de l’offre. Certaines semaines ont vu des afflux massifs, plus de 588 000 ETH en une seule, signalant une demande régulée qui verrouille l’actif loin des carnets.
Last week, #Ethereum spot ETFs saw inflows of over 588K $ETH – nearly 17x the historical average and more than double the previous record. pic.twitter.com/FipYT0HrQZ
— glassnode (@glassnode) July 22, 2025
Addition faite, ces deux canaux ont capté à eux seuls autour de 10% de tout l’ETH en circulation. Dans le langage de la salle des marchés, « l’effet Wall Street » se voit désormais on-chain : plus d’ETH partent vers des poches à faible vitesse de rotation, moins d’ETH restent disponibles pour la vente rapide.
Microstructure et paradoxe prix
Que se passe-t-il quand la profondeur se raréfie côté offre et que la demande reste nerveuse ? Les amplitudes intraday augmentent, le slippage grimpe sur les paires secondaires et les mèches deviennent plus fréquentes.
Dans un contexte d’absorption structurelle, la direction du jour reste pourtant dominée par l’équilibre instantané entre acheteurs et vendeurs.
Un épisode de deleveraging peut faire baisser le prix même si les sorties nettes des exchanges battent des records. À l’inverse, un retour de flux sur les ETF ou une détente macro peut provoquer des accélérations plus franches que par le passé, précisément parce que l’offre flottante est plus maigre.
Les éléments à surveiller pour la suite
Trois repères permettront de savoir si la tension d’offre s’accentue. D’abord, les soldes agrégés d’ETH sur exchanges : si la barre des 14,8 millions cède encore, la pression de vente immédiate restera contenue.
Ensuite, la cadence des afflux vers les ETF et vers les trésoreries corporates : des entrées nettes soutenues siphonnent l’actif pour des horizons longs.
Enfin, la part d’ETH immobilisée en staking et les délais de sortie : plus l’actif est captif, plus un choc de demande a des chances de produire un déplacement de prix rapide.
En synthèse, le supply d’Ethereum s’effondre sur les exchanges parce que des mains structurelles aspirent l’actif et l’enlèvent des carnets. Ce n’est pas une garantie de hausse au jour le jour, c’est un changement de microstructure.
Dans un marché où les détenteurs de long terme et les véhicules régulés totalisent déjà une part à deux chiffres de l’offre, la question n’est pas de savoir si les balances d’exchange peuvent remonter, mais à quel prix le marché parviendrait à les regarnir.
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