Kalshi porte plainte contre le régulateur de New York pour excès de pouvoir

Kalshi a dégainé à New York. Après une lettre de « cease and desist » de la New York State Gaming Commission, la plateforme de marchés de prédiction a saisi un tribunal fédéral à Manhattan pour obtenir une injonction et faire constater que l’État n’a pas compétence sur ses activités.

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Dernière mise à jour 4 mins de lecture
Kalshi porte plainte contre le régulateur de New York pour excès de pouvoir

Pour Résumer

  • Kalshi poursuit New York pour empêcher l’État de classer ses contrats CFTC comme paris sportifs.
  • L’entreprise invoque la préemption fédérale et demande une injonction pour éviter toute interruption.
  • L’affaire devient un test national sur la frontière entre marchés régulés et jeux d’argent locaux.

Kalshi attaque New York : la bataille du périmètre

Dans sa plainte, Kalshi soutient que ses contrats sont listés sur une bourse désignée et encadrés par la Commodity Futures Trading Commission.

En conséquence, New York ne pourrait pas assimiler ces produits à des paris sportifs ni imposer son régime d’agrément des bookmakers.

La lettre de mise en demeure de l’autorité new-yorkaise vise précisément l’offre de contrats liés à des rencontres sportives et menace d’amendes si l’activité se poursuit.

Kalshi demande une injonction préliminaire et permanente pour bloquer l’exécution de la lettre le temps que la cour tranche sur le fond.

Depuis un an, Kalshi multiplie les recours contre des commissions de jeu qui, État par État, veulent ranger les marchés de prédiction dans la catégorie des paris sportifs.

La plateforme réplique que le Congrès a confié à la CFTC l’exclusivité sur les marchés de dérivés listés, et que tout empiètement est préempté par le droit fédéral. Le dossier new-yorkais devient ainsi un test de portée nationale, au cœur d’un segment qui a explosé en volume en 2025.

CFTC contre États : un conflit de compétences devenu structurel

New York n’est pas un cas isolé. Nevada et New Jersey ont déjà tenté d’ordonner des arrêts d’activité, avant d’être freinés par des injonctions fédérales temporaires obtenues par Kalshi.

Ces décisions ne valent pas décision au fond, mais elles signalent le risque juridique pour les États à intervenir sur un champ que les juges pourraient considérer « occupé » par Washington.

À l’inverse, le Massachusetts a résisté : un juge fédéral y a refusé de bloquer le régulateur local, preuve que la jurisprudence reste fragmentée.

La cour devra dire si la nature économique prévaut sur l’étiquette, ou l’inverse. Un arbitrage qui pèsera aussi sur les concurrents crypto-natifs qui agrègent des flux similaires.

Un front multi-États qui se durcit

Les lettres de « cease and desist » se sont multipliées en 2025, parfois coordonnées entre commissions. Pour les plateformes, chaque nouvel État opposé ajoute du coût de conformité et de l’incertitude opérationnelle.

Des avocats spécialisés publient désormais publiquement certaines lettres, au fil d’un contentieux qui s’installe.

L’activisme des États s’explique aussi par la porosité perçue entre marchés de prédiction régulés et offres plus « crypto » accessibles depuis un téléphone.

Polymarket, concurrent non-CFTC, avance sur d’autres rails réglementaires et a gagné en visibilité cette année, ce qui pousse les régulateurs locaux à accroître leur vigilance.

Dans ce contexte, l’action new-yorkaise contre Kalshi a valeur de signal, alors même que l’appétit du public pour ces produits grimpe sur la politique, les sports et les marchés.

Ce que l’affaire new-yorkaise change déjà

Pour Kalshi, perdre New York serait coûteux. Fermer l’accès à l’un des plus grands bassins d’utilisateurs signifierait détourner des volumes et repenser des contrôles géographiques.

La plainte affirme que l’impact serait « immédiat et irréparable », avec des développements techniques complexes, non garantis de fonctionner, si la plateforme devait bloquer sélectivement des marchés.

D’où la stratégie d’aller vite en injonction, comme au Nevada et au New Jersey, afin d’éviter une interruption qui casserait la dynamique commerciale.

Pour les marchés de prédiction, l’issue à New York servira de boussole. Une injonction favorable renforcerait la thèse d’une préemption fédérale et encouragerait d’autres acteurs à opter pour un enregistrement CFTC, quitte à ajuster le design des contrats.

À l’inverse, une validation du raisonnement de l’État conforterait la grille « pari sportif » et forcerait les plateformes à négocier des licences locales, État par État, avec des délais et des coûts qui diluent l’avantage produit. Les investisseurs lisent déjà ce dossier avec l’œil d’un risque réglementaire central pour 2026.

Dernier point, et pas des moindres : la coexistence de voies concurrentes. Tandis que Kalshi plaide la suprématie CFTC, d’autres acteurs testent des modèles hybrides, plus proches du monde crypto ou de l’agrégation d’ordres.

Cette diversité complique la tâche des juges et des régulateurs, mais elle accélère aussi la demande. Au bout du compte, New York dira si un État peut couper l’accès à un produit déjà supervisé au niveau fédéral, ou si la frontière est ailleurs.


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Emmanuel Roux

Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.

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