Cet été, les stablecoins seront sous haute tension. Entre un cadre US plus favorable, un encadrement renforcé par le G20 et une Europe prudente, ces jetons numériques sont au cœur d’une bataille réglementaire mondiale.
Le Genius Act : un règlement ambitieux côté américain
Le Sénat américain a récemment approuvé le Genius Act, proposant un encadrement strict des stablecoins. Ce projet de loi impose aux émetteurs des obligations de réserve, des audits réguliers et un contrôle des autorités fédérales.
L’objectif étant d’abord de renforcer la confiance dans ces jetons, encourager leur utilisation institutionnelle et sécuriser leur place dans l’économie financière traditionnelle.
L’enthousiasme est réel chez l’oncle Sam. En effet, des géants comme Walmart, Amazon et JPMorgan envisagent sérieusement de lancer leurs propres stablecoins, sous une supervision accrue.
Et on le voit, cette impulsion législative américaine vise maintenant à combiner innovation et sécurité, tout en consolidant la place du dollar face à des concurrents chinois ou européens.
Pourtant, tout ne se passe pas comme prévu : à la Chambre des représentants, le vote a été différé en raison de désaccords sur la méthode d’adoption, suscitant des débats sur les bénéfices réels pour le consommateur et les marchés.
G20 et FSB : les régulateurs sonnent l’alerte
Il semble ainsi que cet été, le dossier stablecoins sera un sujet central au G20. Le Financial Stability Board, nouvellement présidé par Andrew Bailey, multiplie les alertes : volumes à hauteur de 27 000 milliards de dollars au premier trimestre, risques potentiels de fuite des dépôts bancaires, impact sur la politique monétaire. Il est à ses yeux impossible d’ignorer ces enjeux.
La lettre adressée aux ministres des Finances et banquiers centraux appelle donc à harmoniser les standards, sécuriser les réserves et renforcer la surveillance internationale. Le message est très clair : les stablecoins ne sont plus un domaine réservé au secteur crypto, ils sont désormais un actif global potentiel, et la coordination mondiale est urgente.
Une scène mondiale fragmentée
En ce milieu d’année 2025, plusieurs modèles de régulation s’opposent. Aux États-Unis, on observe une volonté d’encouragement encadré. En Europe, avec MiCA, c’est priorité à la protection des consommateurs, à la transparence et à l’équilibre du marché, sans incitation directe. En Asie, la Chine anticipe l’arrivée d’un yuan numérique, Shanghai envisage des stablecoins adossés au yuan et Hong Kong se dote d’une régulation à venir en août.
Ce méli-mélo réglementaire oblige les acteurs financiers à naviguer entre zones de tolérance et zones de défi, en adaptant leurs projets finalement à chaque juridiction. Cela crée en même temps une pression inédite sur les standards habituels, où chaque bloc tente de verrouiller son écosystème tout en laissant filtrer l’innovation… avec plus ou moins de contrôle.
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