Ripple accusé de manipuler le prix du XRP

Pour Résumer

Ripple débloque chaque mois jusqu’à 1 milliard de XRP, mais certains transferts récents interrogent.
Des mouvements vers des exchanges, notamment depuis un wallet lié à Chris Larsen, ont coïncidé avec une chute du cours.
Ripple défend un système transparent, mais la méfiance grandit face à sa gestion centralisée de l’offre.

Une mécanique bien huilée, mais trop bien connue

Depuis décembre 2017, Ripple a mis en place un système de séquestre automatique (escrow) destiné à contrôler l’émission de XRP. Chaque mois, jusqu’à 1 milliard de tokens sont libérés selon un calendrier public.

L’entreprise affirme ne réinjecter sur le marché qu’une fraction de ces fonds. En général, cela représente entre 200 et 350 millions de XRP. Le reste est replacé sous escrow pour les mois suivants.

Sur le papier, tout est vraiment très transparent. Mais dans les faits, certains transferts, pourtant publics sur la blockchain, suscitent l’inquiétude. Car une fois libérés, ces tokens peuvent alimenter les opérations internes de Ripple ou finir sur les exchanges, parfois à des moments stratégiques.

C’est ce qui s’est produit entre le 17 et le 24 juillet. Un portefeuille lié à Chris Larsen, cofondateur de Ripple, a transféré plus de 50 millions de XRP vers la plateforme Bitstamp. Valeur estimée : environ 175 millions de dollars. Dans la foulée, le XRP a perdu près de 14 %, passant d’un sommet autour de 3,60 $ à 3,10 $ en quelques jours.

Soupçons, justifications et guerre de récits

Ce type de mouvement alimente une suspicion ancienne et assez connue dans l’ecosysteme. Ripple utiliserait ses déblocages mensuels pour ajuster discrètement le prix du XRP, en injectant de la liquidité au bon moment ou en vendant massivement quand le marché est euphorique.

Rien d’illégal à première vue, mais une telle stratégie poserait question pour un acteur qui se positionne comme pilier de la finance tokenisée.

Les défenseurs de Ripple rejettent fermement cette idée. Bill Morgan, avocat pro-XRP très actif sur X, a rappelé le 22 juillet que la SEC n’a jamais accusé Ripple de manipulation de marché par le biais de ses unlocks. Au contraire, selon lui, le mécanisme est un modèle de transparence dans un écosystème encore marqué par l’opacité.

Ripple souligne par ailleurs que le volume de tokens réellement utilisés reste limité et qu’une grande partie des fonds libérés est immédiatement remise en séquestre. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit début juillet, avec 400 millions de XRP replacés dans l’escrow peu après leur libération. L’entreprise affirme ainsi agir dans une logique de stabilité et non de spéculation.

Un impact réel ou un bruit de fond ?

Sur le plan strictement économique, l’effet des unlocks mensuels est difficile à quantifier. En juillet, le prix du XRP a progressé de plus de 6 % sur le mois, malgré deux vagues successives de déblocage (le 1er et le 4 juillet).

Le token reste parmi les plus échangés au monde, avec un volume quotidien dépassant les 15 milliards de dollars sur certaines journées, bien au-delà du montant débloqué chaque mois.

Pour autant, le calendrier des unlocks est devenu un repère psychologique pour les traders. À chaque début de mois, les anticipations de vente pèsent sur le sentiment du marché, qu’elles soient fondées ou non.

Et la multiplication des alertes liées à des portefeuilles internes, qu’il s’agisse de cofondateurs, de fonds ou de wallets institutionnels, fragilise encore la réputation de neutralité de Ripple.

Dans un écosystème où la décentralisation est revendiquée comme valeur cardinale, la mainmise d’un acteur unique sur une telle quantité de tokens crée un paradoxe. Ripple continue de plaider la transparence. Mais la communauté, elle, demande des garanties. Pas seulement techniques, mais aussi économiques. Affaire à suivre.