La Malaisie entre carrément dans la course mondiale à la tokenisation d’actifs. Sa banque centrale, Bank Negara Malaysia (BNM), vient de présenter un plan national sur trois ans pour moderniser tout le système financier. L’idée est claire : faire de la blockchain un vrai moteur d’innovation économique, pas juste un mot à la mode.
Une feuille de route ambitieuse et concrète
Ici, pas question de promesses floues. La BNM veut du concret. Son plan avance pas à pas, avec des tests réels et des objectifs précis. De 2026 à 2028, le pays va tester la tokenisation d’actifs réels, donc des choses tangibles, pas aux cryptomonnaies spéculatives. Selon le document, il s’appuiera ainsi sur :
- Les dépôts tokenisés
- Les paiements programmables
- La gestion des liquidités
Pour piloter tout ça, la banque centrale a créé un Digital Asset Innovation Hub. Ce “lab” national servira de terrain d’expérimentation et de point de rencontre entre l’État, les entreprises et les start-up.
En parallèle, un groupe de travail industriel, codirigé par le régulateur SC Securities Commission Malaysia, va analyser les obstacles réglementaires et proposer des bonnes pratiques.
Autrement dit, la Malaisie ne fonce pas tête baissée. Elle avance prudemment, en testant, en dialoguant et en adaptant sa régulation au fur et à mesure. La Malaisie s’inspire d’ailleurs des progrès observés chez ses voisins asiatiques, notamment avec la réserve Bitcoin thaïlandaise, pour mieux calibrer sa propre stratégie numérique.
Crypto et finance numérique : un virage stratégique assumé
La BNM ne fait pas semblant. Même si elle reste prudente, elle assume carrément son entrée dans la crypto-économie. L’objectif n’est pas de lancer une nouvelle crypto à la mode, loin de là. L’idée, c’est plutôt de mettre la blockchain au service de la finance réelle, celle qui fait tourner l’économie au quotidien.
Le plan met un accent particulier sur les dépôts tokenisés, les stablecoins et la monnaie numérique de banque centrale (MDBC). Ces innovations pourraient carrément changer la donne pour les paiements entre banques et entre pays. Les transferts seraient plus rapides, moins chers et surtout beaucoup plus sûrs.
La BNM teste aussi la tokenisation des dépôts en devise locale ringgit, et réfléchit à une monnaie digitale de gros pour les échanges entre institutions. L’idée, c’est de rendre la circulation de l’argent plus fluide, avec une meilleure gestion de la liquidité.
En clair, la Malaisie veut une finance plus simple et plus transparente, mais sans tomber dans la spéculation.
Des cas d’usage utiles, pas juste “tech pour la tech”
Ce plan ne parle pas de crypto-monnaies dans le sens spéculatif du terme. Il se concentre sur des applications concrètes et utiles à l’économie réelle.
Premier exemple : le financement des PME. Grâce à la tokenisation du financement de la chaîne d’approvisionnement, les petites entreprises pourront accéder plus facilement au crédit. Les transactions seront plus transparentes et plus rapides, ce qui améliorera carrément leur trésorerie.
Autre axe clé : la finance islamique, un domaine dans lequel la Malaisie fait déjà figure de référence mondiale. Le pays veut désormais créer des actifs numériques conformes à leur religion Shariah.
Une base technologique solide
Pour donner vie à son plan, la Malaisie s’appuie sur la Malaysia Blockchain Infrastructure (MBI), une plateforme créée pour accélérer l’adoption de la blockchain. Grâce à elle, le pays pourra tester de nouveaux projets rapidement, tout en gardant les données sûres et conformes.
En parallèle, la BNM a publié un document de consultation publique. Tout le monde, institutions, entreprises, citoyens, peut donner son avis jusqu’au 1ᵉʳ mars 2026. Une belle preuve d’ouverture, car la banque centrale veut construire ce futur avec le marché, et non contre lui.
Et il faut bien le dire : la Malaisie arrive dans une compétition régionale intense. Singapour et Hong Kong, ouvertes dorénavant aux capitaux crypto mondiaux, ont déjà pris un peu d’avance sur la tokenisation d’actifs.
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