La nouvelle fonction de X qui affiche automatiquement le pays d’un compte a mis le feu aux poudres dans la communauté crypto.
Vitalik Buterin recule et parle de « privacy rugpull »
Annoncée par le directeur produit Nikita Bier comme un outil de « transparence » pour mieux évaluer la fiabilité des messages, elle ajoute sous chaque profil un label indiquant le pays d’origine supposé.
Sur le papier, l’idée se veut rassurante pour la lutte contre la désinformation. Dans la pratique, des voix majeures du secteur jugent ce réglage dangereux, surtout pour les profils exposés, les développeurs et les gros holders qui vivent déjà avec le spectre du doxing et des tentatives d’extorsion.
Dans un premier temps, Vitalik Buterin reconnaît un possible côté positif à cette nouveauté : voir comment des communautés nationales réagissent à certains sujets, mieux comprendre d’où viennent les opinions. Puis il fait marche arrière.
Prediction about this "show which country the account is from" thing:
In the short term it will have lots of positive effects.
In the medium term, the sophisticated actors will find ways to pretend to be from countries that they are not. Lots of ways to rent individual people's…
— vitalik.eth (@VitalikButerin) November 23, 2025
Après avoir lu les réactions, il admet que les critiques ont raison sur un point clef : le fait que le pays soit affiché par défaut, sans véritable consentement préalable, est problématique.
Il parle d’un changement imposé « non consensuel », qui retire aux utilisateurs une partie de leur anonymat a posteriori.
Pour lui, même si la mention du pays garde une « grande » zone d’anonymat dans la plupart des cas, certains profils deviennent beaucoup plus faciles à cibler.
C’est exactement ce que redoutent de nombreux acteurs crypto qui ont déjà connu les menaces physiques, les visites à domicile ou les tentatives de kidnapping après des leaks d’adresse ou d’identité.
« Doxing » : les fondateurs DeFi montent au créneau
Les réactions ne viennent pas seulement des chercheurs ou des théoriciens. Des builders en première ligne, comme Hayden Adams (fondateur d’Uniswap), parlent carrément de « mandatory doxing ».
Pour lui, que X force la visibilité du pays par défaut n’a donc rien de neutre.
Thanks, I hate it
Opt-in doxxing is fine, mandatory doxxing is psychotic https://t.co/KvFIGy1VCc
— Hayden Adams 🦄 (@haydenzadams) November 23, 2025
Il accepte le principe d’un opt-in pour ceux qui veulent afficher plus d’infos, mais juge « psychotique » l’idée d’imposer ce niveau d’exposition à tout le monde.
Surtout dans un écosystème où une bonne partie de la valeur est détenue par des particuliers, souvent jeunes, parfois isolés, pas par des institutions blindées de sécurité.
Comment désactiver (partiellement) la fonctionnalité
Face à la levée de boucliers, certains comptes crypto se sont vite transformés en guide de survie. Certains détaillent les menus à parcourir pour réduire l’exposition : passer de « pays » à « région/continent » ou désactiver l’affichage quand c’est possible dans les paramètres de confidentialité.
Le problème, comme le rappellent les critiques, n’est pas seulement la granularité du réglage, mais le fait que le switch ait été activé par défaut, sans prévenir.
X (twitter) can geo-doxx you now, showing which country you’re based in 🚨
If you want to hide it:
1- turn it off: settings & privacy → privacy & safety → disable country visibility
2- or switch from country to region/continent in same menu pic.twitter.com/YshMAOlSMY— LANGERIUS (@Langerius) November 22, 2025
Pour un environnement où la discrétion géographique est parfois une question de sécurité personnelle, cette bascule silencieuse n’est pas anodine. Pour plus de conseils sur la protection de vos données personnelles, consultez les ressources officielles de X sur la confidentialité.
Entre lutte contre les bots et mise en danger très humaine
Les défenseurs de la fonctionnalité rappellent qu’un pays comme les États-Unis compte plus de 300 millions d’habitants. Dans ce type de contexte, afficher « USA » sur un profil ne rend pas automatiquement quelqu’un traçable.
Certains voient même cette info comme un outil utile pour repérer les campagnes coordonnées venant de l’étranger ou les tentatives d’ingérence politique.
Sauf que la crypto ne se limite pas à une poignée de comptes anonymes. Entre fondateurs de protocoles, traders visibles, gros holders déjà target par des escrocs et activistes vivant dans des pays où la régulation est hostile, chaque information supplémentaire peut réduire l’anonymat réel.
Quant aux builders alignés avec la vision cypherpunk d’origine, ils y voient un pas de plus vers un internet à géométrie variable, où la protection de la vie privée devient un luxe plutôt qu’un droit par défaut.
En résumé, pour une grande partie du monde crypto, cette nouvelle option de localisation n’est pas un détail d’interface. C’est un rappel brutal que la frontière entre confort et doxing se déplace souvent sans demander l’avis des premiers concernés.
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