Au Royaume-Uni, la période de tolérance fiscale pour les cryptomonnaies semble révolue. Le fisc britannique, le HMRC, est passé à la vitesse supérieure, ciblant désormais les détenteurs d’actifs numériques qui n’auraient pas déclaré correctement leurs gains. De plus, le pays prévoit de renforcer nettement la chasse aux fraudes pour l’année à venir.
Une campagne de rappel sans précédent
Depuis le début du mois d’octobre, le HMRC a lancé une campagne d’envergure record. Le régulateur britannique a envoyé 65 000 lettres de rappels aux contribuables. Ce sont surtout les investisseurs soupçonnés d’évasion ou fraude fiscale qui sont contactés.
Cette lettre invite ces investisseurs à revoir leurs déclarations fiscales en y ajoutant leurs gains crypto avant le lancement du contrôle fiscal formel.
According to FT, the UK tax authority HMRC sent “nudge letters” to about 65,000 suspected crypto tax evaders — more than double last year’s figure. HMRC will use exchange data to track evasion and, from 2026, collect detailed user info under the OECD’s CARF framework. In the UK,…
— Wu Blockchain (@WuBlockchain) October 19, 2025
En effet, cette campagne marque un tournant. En 2024, l’administration n’avait expédié que 27 700 lettres. Le nombre a donc plus que doublé en un an. Une preuve que le Royaume-Uni veut désormais rattraper chaque livre sterling issue des transactions crypto non déclarées.
Le HMRC insiste cependant : recevoir une lettre ne signifie pas être coupable. C’est avant tout une mesure préventive, une sorte d’avertissement amical avant de passer à des sanctions plus lourdes. L’idée est d’inciter les détenteurs à se mettre en conformité volontairement, sans confrontation.
Cette fermeté rappelle l’affaire du vol Lazarus Royaume-Uni, qui a mis en lumière les failles de sécurité et les enjeux de traçabilité des fonds numériques.
Une coopération internationale au cœur de la stratégie
Le Royaume-Uni utilise ses pouvoirs à une coopération internationale agressive pour repérer les fraudeurs. D’après Bloomberg Tax, le HMRC utilise dorénavant ses “International Cooperation Powers”, des outils légaux permettant de collecter des données fiscales à l’étranger.
Cette stratégie s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération Royaume-Uni et USA, renforçant les échanges d’informations et la lutte commune contre l’évasion crypto.
Le fisc britannique obtient ainsi des informations de près de 100 pays. Cette coopération est essentielle face à la nature transfrontalière des cryptomonnaies.
De plus, l’HMRC travaille avec des partenaires. Le groupe j5, composé de 5 chefs fiscaux mondiaux et qui rassemble les autorités d’Australie et des États-Unis, en est un exemple. Ces collaborations permettent de partager des renseignements pour coordonner les actions contre les fraudeurs. Ces efforts confirment qu’il n’existe pas de paradis sûrs.
Cependant, l’outil le plus puissant arrive en 2026. Il s’agit du Crypto-Assets Reporting Framework (CARF). Ce cadre a été adopté par environ 70 juridictions imposant aux plateformes de déclarer les transactions clients.
À titre d’infos, l’HMRC commencera à collecter ces données en janvier 2026. Les premières déclarations officielles sont prévues pour mai 2027. Ce système scellera l’échange automatique d’informations crypto, même si le pays britannique vient jusqu’à rémunérer pour les avoir.
Vers une fiscalité plus claire, mais aussi plus stricte
Parallèlement à cette campagne, le HMRC veut rendre la fiscalité crypto plus lisible. L’administration multiplie les guides en ligne et les tutoriels expliquant comment déclarer ses gains, que ce soit via le trading, le minage ou le staking. Le but : aider les investisseurs à comprendre leurs obligations avant de sévir.
Une approche similaire a été observée lors de la vente BTC saisie, illustrant la volonté du gouvernement britannique de gérer les actifs numériques avec transparence et rigueur.
Cependant, la tolérance du fisc reste limitée. Les contribuables qui ignorent les avertissements risquent des amendes pouvant atteindre 200 % du montant éludé, sans compter les intérêts de retard.
En cas de refus de coopération, les autorités peuvent également geler ou saisir les actifs numériques détenus sur des plateformes britanniques.
Derrière cette politique, le Royaume-Uni cherche à instaurer une culture de responsabilité numérique. Londres veut devenir un centre mondial de la finance crypto, mais pas au prix du laxisme fiscal. En misant sur la transparence et la conformité, le pays espère prouver qu’innovation et rigueur peuvent aller de pair.
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