Les Émirats arabes unis renforcent la transparence fiscale des cryptomonnaies avec l’OCDE

Les Émirats arabes unis rejoignent le cadre de l’OCDE (CARF) afin de renforcer la transparence fiscale des cryptomonnaies. Dès 2027, les plateformes et courtiers devront déclarer toutes les transactions, qui seront partagées à l’international à partir de 2028. Cette décision marque un tournant stratégique susceptible d’attirer les investisseurs institutionnels tout en imposant de nouvelles contraintes aux acteurs locaux.

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Dernière mise à jour 4 mins lecture
Les Émirats arabes unis renforcent la transparence fiscale des cryptomonnaies avec l’OCDE

Pour Résumer

  • Les Émirats arabes unis ont rejoint le cadre de l’OCDE (CARF) pour renforcer la transparence fiscale des cryptomonnaies.
  • Dès 2027, les plateformes et courtiers devront transmettre les données des transactions, partagées à l’international à partir de 2028.
  • Cette décision vise à attirer les capitaux tout en luttant contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent.

Une intensification de la transparence fiscale liée aux cryptomonnaies

Les Émirats arabes unis (EAU) persévèrent dans l’application de leur stratégie de supervision des actifs numériques en adoptant officiellement le Cadre de Rapport sur les Actifs Cryptographiques (CARF), élaboré par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).

L’annonce faite par le ministère des Finances constitue une avancée importante vers l’objectif du pays de concilier attractivité financière et respect des standards internationaux.

Un engagement fort aux côtés de l’OCDE

En rejoignant l’Accord Multilatéral entre Autorités Compétentes (MCAA), les Émirats mettent en place un dispositif visant à accroître la transparence fiscale des opérations de cryptomonnaies à l’échelle mondiale.

Concrètement, les plateformes d’échange, courtiers, dépositaires et fournisseurs de portefeuilles opérant dans le pays devront, à partir de 2027, transmettre aux autorités fiscales des données détaillées sur les opérations réalisées par leurs clients.

Ces informations couvriront l’ensemble des mouvements, achats, ventes ou transferts, et seront partagées avec d’autres juridictions à partir de 2028.

L’intention est manifeste : combattre l’évasion fiscale, le blanchiment de capitaux et l’exploitation impropre des actifs numériques, tout en instaurant une ambiance de confiance favorable aux investisseurs.

Un positionnement stratégique pour Abou Dhabi et Dubaï

En se joignant au CARF aux côtés de plus de 51 juridictions déjà participantes, les Émirats réitèrent leur intention de devenir un pôle financier de premier plan.

Dubaï, notamment, a multiplié ces dernières années les initiatives pour attirer les acteurs du secteur, avec la mise en place d’un régulateur dédié aux actifs virtuels (VARA) et l’octroi de licences à plusieurs grandes plateformes d’échange.

Ce choix s’inscrit dans une continuité. Le pays s’était déjà conformé à des standards internationaux tels que le Common Reporting Standard (CRS) ou la réglementation américaine FATCA. L’intégration des actifs numériques dans ce réseau global de coopération fiscale apparaît donc comme une extension logique de cette politique.

Une consultation publique pour affiner le dispositif

Pour s’assurer que la réforme soit à la fois ambitieuse et réaliste, le ministère des Finances a lancé une consultation publique de huit semaines, du 15 septembre au 8 novembre 2025.

Les acteurs du secteur, plateformes, gestionnaires de portefeuilles, traders professionnels et cabinets de conseil, sont invités à faire part de leurs retours.

Cet exercice participatif doit permettre d’identifier les éventuelles difficultés opérationnelles, notamment en matière de collecte et de transmission des données. L’objectif déclaré est de parvenir à un équilibre entre les besoins de transparence et l’impératif de maintenir la compétitivité du marché local.

Opportunités et inquiétudes

Cette direction est considérée comme un bon signe pour les investisseurs institutionnels. En effet, les grandes entreprises de gestion ou les banques mondiales ont généralement une préférence pour les marchés dans lesquels la réglementation est claire et conforme aux standards internationaux.

En renforçant son cadre, les Émirats espèrent donc attirer des flux de capitaux importants et consolider leur statut de hub financier entre l’Occident et l’Asie.

Toutefois, la réforme ne fait pas l’unanimité. Les prestataires de services cryptographiques sont inquiets d’une hausse significative de leurs coûts en matière de conformité.

Effectivement, l’acquisition et la diffusion de données transactionnelles requièrent des infrastructures technologiques avancées et des équipes dédiées à la conformité.

Certains acteurs craignent également que l’obligation de partager des informations sensibles au niveau international n’expose leurs clients à des risques en matière de confidentialité et de cybersécurité.

Un équilibre délicat à trouver

Pour les responsables des Émirats, l’enjeu actuel est de progresser sans entraver l’innovation. Une réglementation trop stricte pourrait dissuader certaines entreprises de s’établir localement, alors qu’une régulation trop permissive pourrait porter atteinte à la réputation du pays.

Il faut donc toujours trouver un équilibre entre prudence et dynamisme.

Cependant, en décidant d’adhérer au CARF, les Émirats arabes unis signalent explicitement que l’expansion de l’industrie de la cryptographie ne se déroulera pas en dehors des normes internationales, mais dans le respect total de celles-ci.

Cette approche, même si elle implique des coûts initiaux pour certains intervenants, pourrait se révéler bénéfique en consolidant la stabilité et la fiabilité de leur marché financier sur le long terme.


Source : mof.gov.ae


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Emmanuel Roux

Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.

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