L’avocate de CZ répond : “Non, il n’a pas payé pour se faire gracier”

L’équipe de défense de Changpeng « CZ » Zhao commence à contre-attaquer médiatiquement. 

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Dernière mise à jour 4 mins de lecture
L’avocate de CZ répond : “Non, il n’a pas payé pour se faire gracier”

Pour Résumer

  • Guillén dénonce les rumeurs liant la grâce de CZ à un accord politique avec Trump et affirme qu’aucune preuve n’étaye ce récit.
  • Elle décrit CZ comme un bouc émissaire d’une croisade politique contre la crypto, non comme un fraudeur.
  • Pour elle, la grâce corrige une sanction excessive plutôt qu’elle ne récompense un soutien partisan.

Une défense frontale contre le récit du « deal » avec Trump

Invitée dans le podcast d’Anthony Pompliano, Guillén a qualifié la polémique autour de la grâce de CZ d’amas de fake news. Au centre de ces accusations, on retrouve World Liberty Finance, un projet crypto régulièrement présenté comme « la boîte de Trump ».

Pour une partie de la classe politique américaine, l’équation est simple : CZ soutient un projet associé à l’entourage Trump, Trump lui rend la pareille en signant sa grâce.

L’avocate démonte ce raccourci : selon elle, les médias répètent que World Liberty serait « l’entreprise de Trump » sans qu’aucune preuve concrète ne vienne étayer cette version.

Elle insiste donc sur le fait qu’on confond participation, image de marque, soutien politique et véritable contrôle capitalistique.

Guillén élargit le débat en expliquant que beaucoup de commentateurs mélangent tout : la manière dont fonctionnent les deals dans la tech, la structure d’un projet blockchain, la répartition réelle des intérêts financiers.

De là naîtrait cette impression d’un scénario cousu de fil blanc, alors que le lien juridique direct entre CZ, World Liberty et Trump reste, selon elle, très loin d’être établi.

CZ, bouc émissaire idéal de la « guerre contre la crypto » ?

Pour comprendre pourquoi la défense parle de « justice » plutôt que de faveur politique, il faut revenir au dossier d’origine.

CZ a plaidé coupable pour des manquements aux obligations de lutte contre le blanchiment chez Binance, ce qui lui a valu quatre mois de prison et l’obligation de quitter la direction de la plateforme.

Pas de fraude à la FTX, pas de détournement de fonds clients, pas de victimes identifiées, pas de casier pénal auparavant.

Guillén souligne cette singularité : à son sens, aucun dirigeant de la finance traditionnelle n’a été envoyé derrière les barreaux dans des conditions comparables, pour ce type de manquement isolé, sans mensonge massif ni escroquerie directe.

Elle y voit une forme d’exemplarité ciblée, sur fond d’opinion publique encore traumatisée par la faillite de FTX et l’effondrement d’autres acteurs crypto. La « guerre contre la crypto » avait besoin d’un visage, explique-t-elle en substance, et c’est tombé sur Binance et sur CZ.

La grâce ne serait donc pas un passe-droit acheté à coups de tokens mais une correction, tardive, d’une sanction disproportionnée par rapport à la nature du dossier.

Elizabeth Warren dans le viseur de la défense

Impossible pour Guillén d’ignorer le rôle de la sénatrice Elizabeth Warren, très active dans la dénonciation de la grâce.

Warren parle de « corruption », assure que CZ a « boosté » l’écosystème crypto de Trump, suggère un lobbying agressif en coulisses pour obtenir la signature présidentielle.

Guillén y voit en effet un glissement dangereux. À ses yeux, cette forme de liberté de parole sans contre-pouvoir médiatique ou judiciaire n’est pas vraiment conforme à l’esprit des « pères fondateurs » américains.

Elle suggère, sans le dire frontalement, qu’une partie du débat n’est plus juridique mais purement politique, avec CZ dans le rôle commode de symbole d’un secteur à encadrer, voire à punir.

Une grâce qui ne clôt pas le débat sur la régulation

L’intervention de Guillén ne suffira pas à éteindre les spéculations sur l’épisode, mais elle dévoile une ligne de défense claire : repositionner CZ comme un dirigeant certes perfectible, mais loin de l’archétype du criminel financier, et présenter la grâce comme un rééquilibrage plutôt qu’une transaction.

La bataille autour de cette grâce dépasse donc largement le cas personnel de Zhao.

Elle cristallise deux visions de la régulation : une approche qui voit dans la sévérité exemplaire un signal nécessaire pour dompter un secteur jugé incontrôlable, et une autre qui estime qu’on a voulu faire de CZ un exemple parce qu’il était trop visible, trop puissant, trop symbolique.

Pour l’instant, la défense a ouvert le front médiatique. Le verdict sur la crédibilité de ce récit, lui, appartiendra au temps et aux prochaines décisions de justice. Pour suivre l’évolution du contexte réglementaire américain, consultez le site officiel du Département de la Justice américain.


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Emmanuel Roux

Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.

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