Le débat revient à chaque marché haussier. On ressort les graphiques, on trace des bandes, on superpose les halvings et l’on annonce la suite comme une horloge. Sauf que cette fois, Arthur Hayes bouscule la routine. Dans un long billet, le cofondateur de BitMEX soutient que la « mécanique des 4 ans » n’explique plus grand-chose.
Non pas parce que le halving a disparu, mais parce que la variable qui domine tout le reste s’appelle désormais liquidité. Et quand la liquidité change, Bitcoin change de régime à son tour.
Le récit du halving vacille
> The halving is half as important every four years
Actually, it's LESS than half as important each time.
If the calculation is:
Subsidy cut / outstanding supply at halvening https://t.co/qSYf5zEVKp
— BitMEX Research (@BitMEXResearch) July 25, 2025
Dans son essai « Long Live The King!« , Hayes résume la thèse ainsi : les cycles de Bitcoin ont surtout dansé au rythme de la quantité de dollars et de yuans en circulation. Les anciens tops coïncidaient avec des tours de vis monétaires, les phases d’euphorie avec des bilans qui gonflent.
À ses yeux, le halving pèse logiquement « deux fois moins » tous les quatre ans, alors que l’onde de choc d’une expansion ou d’un resserrement de crédit se voit partout, du spot aux dérivés.
La clé, c’est la liquidité
Hayes avance deux points concrets. D’abord, le Trésor américain a puisé près de 2 500 milliards de dollars en inondant le marché de T-bills, ce qui a desserré l’étau sur les conditions de financement.
Ensuite, la Fed a repris une trajectoire de baisses de taux malgré une inflation encore vive, et les opérateurs de taux voient d’autres assouplissements venir avant la fin de l’année.
Autrement dit, le robinet USD n’est plus fermé. Dans le même temps, Pékin, sans redevenir l’éléphant de 2015, chercherait surtout à « en finir avec la déflation », ce qui enlève un frein que les cycles passés avaient connu.
Dans l’addition de ces facteurs, Hayes voit un moteur de hausse qui n’obéit plus au simple calendrier du halving. Cette lecture tranche avec le confort des patterns historiques, mais elle colle aux arbitrages observés chez les professionnels : si les coûts de l’argent baissent et que la liquidité globale s’améliore, les actifs à durée longue et à bêta élevé respirent mieux.
Bitcoin, qui a désormais son canal d’achats institutionnel via les ETF et une profondeur accrue sur les perpétuels, devient un baromètre de la politique monétaire plus qu’un simple asset « post-halving ».
Et si le cycle change, que font les traders ?
There is a widespread rush into assets happening right now.
As inflation rebounds and the labor market weakens, the Fed is CUTTING rates.
The USD is now on track for its worst year since 1973, down over -10% YTD.
The USD has lost -40% of its purchasing power since 2000. pic.twitter.com/GLYumC33IP
— The Kobeissi Letter (@KobeissiLetter) October 5, 2025
Si l’on prend Hayes au sérieux, la grille de lecture se déplace. Plutôt que d’attendre une « altseason » estampillée calendrier, on surveille le couple liquidité-taux et les flux vers les produits d’épargne forcée.
Un rally mené par la baisse du dollar et des taux peut porter BTC sans forcément déclencher la même rotation qu’en 2021. Cela n’empêche pas les divergences : une partie du marché tient encore aux repères de cycle et rappelle que Bitcoin a souvent déjoué les modèles, même lorsqu’ils semblaient robustes.
Mais dans un environnement où le billet vert faiblit et où les indices actions progressent de concert avec l’or et BTC, la sensibilité macro reprend la main. Sur le plan tactique, cela veut dire qu’on regarde moins la date du prochain halving que trois tableaux de bord.
Un, les probabilités implicites de la Fed, qui dictent le coût du capital des desks et des trésoreries listées. Deux, l’état des facilités de liquidité (RRP, T-bills, bilan de la Fed) qui colorent le funding et l’appétit pour le risque.
Trois, l’orientation de la Chine, non pas comme locomotive, mais comme vent de face ou de dos. C’est ce mix, plus que la pure mécanique d’émission, qui a stoppé net les cycles précédents quand il s’est inversé.
Ce qu’il faut surveiller d’ici la fin d’année
Les prochaines réunions de la Fed et les projections de taux restent le nerf de la guerre. Les opérateurs de futures continuent de « pricer » d’autres coupes, et chaque donnée macro sensible (emploi, inflation, confiance) peut faire varier ces probabilités.
Côté flux, l’équilibre entre collecte des ETF au comptant, comportement des mineurs et positionnement sur les perps dira si l’on est dans une jambe de tendance macro ou dans un excès ponctuel. Enfin, côté Chine, tout signal de relance du crédit ou d’assouplissement plus net renforcerait la thèse de Hayes.
À l’inverse, un coup de froid coordonné sur la liquidité ferait revenir les vieux réflexes de cycle plus vite qu’on ne le croit. Qu’on adhère ou non à la mort du « cycle des 4 ans », personne n’ignore que Bitcoin est plus branché que jamais sur la conduite de la politique monétaire.
Et si l’on suit la piste de Hayes, ce n’est pas un calendrier gravé dans le marbre qui guidera la suite, mais la force d’un flux de dollars et de yuans qui va, vient, et parfois déborde.
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