Dix ans après l’effondrement du premier exchange Bitcoin, les remboursements promis aux victimes viennent d’être à nouveau repoussés. En parallèle, Mark Karpeles, son ancien PDG, a révélé le code source historique de la plateforme à Claude AI, qui l’a jugé “extrêmement vulnérable”.
Le code d’un désastre annoncé
Mt. Gox, c’était l’âge d’or et l’enfance de la crypto. Entre 2011 et 2014, la plateforme traitait jusqu’à 70 % des transactions Bitcoin mondiales. Puis vint la chute : 850 000 BTC envolés, une faillite retentissante, des investisseurs ruinés.
Mark Karpeles, figure centrale du drame, a récemment décidé de rouvrir cette page d’histoire en confiant le code source original de Mt. Gox à Claude AI. L’analyse de l’intelligence artificielle a mis en évidence un niveau de sécurité catastrophique : mots de passe faibles, documentation interne absente, comptes administrateurs encore accessibles après transfert de propriété.
So I tried feeding MtGox's 2011 codebase and various data (git history, access logs, dumps released by hacker, etc) to @AnthropicAI's Claude, and let it analyze its way through all the stuff.
The result:https://t.co/r8oxCUW3Qp
— Mark Karpelès (@MagicalTux) October 26, 2025
Ces découvertes expliquent en partie pourquoi Mt. Gox s’est effondré si brutalement. Le système n’était tout simplement pas conçu pour encaisser des volumes de transactions aussi colossaux. Claude AI parle d’un code “instable par nature”, reflet d’une époque où la crypto avançait à tâtons.
Un remboursement qui s’éloigne encore
Mais pendant que Karpeles revient sur les événements passés, les créanciers, eux, attendent toujours une issue concrète à leur situation. Le tribunal de Tokyo a confirmé cette semaine que la date limite de remboursement des utilisateurs floués sera repoussée d’un an supplémentaire. Autrement dit, ceux qui attendent leurs bitcoins depuis 2014 devront patienter jusqu’à 2026.
Cette annonce a immédiatement ravivé la frustration d’une communauté déjà lassée d’une procédure interminable. Initialement prévue pour 2023, puis reportée à 2024, la restitution des fonds semblait enfin sur le point de commencer.
En juillet dernier, les premiers paiements tests avaient été observés, laissant entrevoir une issue proche Malheureusement, cette nouvelle prolongation met un coup d’arrêt à la dynamique et renforce l’impression d’un dossier sans fin.
Selon les documents publiés par le fiduciaire Nobuaki Kobayashi, la complexité juridique et technique du processus reste le principal frein. Il s’agit non seulement de restituer des bitcoins, mais aussi de gérer des conversions en fiat, des vérifications d’identité, et surtout des problèmes de liquidité liés à la conservation prolongée des fonds.
Pour les créanciers, c’est une double peine : leurs BTC ont explosé en valeur, mais ils ne peuvent toujours pas y accéder. Et pour le marché, la question reste sensible.
Le fantôme de Mt. Gox plane toujours sur la crypto
Ce double rebondissement, la révélation du code vulnérable et le report des remboursements, remet Mt. Gox au centre de l’actualité.
Le scandale de 2014 a marqué une rupture. En effet, son exemple a forcé les plateformes à renforcer leurs protocoles de sécurité, à auditer leur code, à structurer leur gouvernance. Toutefois, il a aussi laissé une cicatrice durable dans la mémoire collective.
Les échanges centralisés ont depuis évolué, mais la leçon reste d’actualité. L’affaire FTX l’a prouvé : dix ans après, les erreurs de Mt. Gox continuent d’être rejouées, sous d’autres visages, avec d’autres protagonistes.
Pour certains, le report des remboursements est une simple péripétie bureaucratique. Pour d’autres, il illustre à nouveau le poids du passé sur la confiance du public. L’image d’un secteur jeune, innovant, mais toujours incapable de solder ses dettes symboliques.
Et pendant ce temps, Mark Karpeles semble retrouver une forme de légitimité. En rendant public le code source, il se replace en témoin d’une époque révolue, presque en pédagogue involontaire. Son geste, à défaut d’effacer les fautes, permet de rappeler à la nouvelle génération de développeurs que la sécurité ne se rattrape pas après coup.
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