Polygon s’emporte : “Ethereum ne nous respecte pas”

La querelle est sortie au grand jour. Sandeep Nailwal, cofondateur de Polygon et patron de la fondation, dit remettre en cause sa loyauté envers Ethereum et dénonce un manque de reconnaissance pour le rôle de Polygon dans l’écosystème.

Vitalik Buterin a réagi dans la foulée.

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Dernière mise à jour 3 mins lecture
Polygon s’emporte : “Ethereum ne nous respecte pas”

Pour Résumer

  • Sandeep Nailwal accuse l’Ethereum Foundation de négliger Polygon malgré ses apports majeurs.
  • Vitalik Buterin répond en saluant le projet mais rappelle qu’un vrai layer 2 doit reposer sur des preuves ZK.
  • Le différend expose un malaise plus large autour de la gouvernance et du positionnement d’Ethereum.

Loyauté mise à l’épreuve chez Polygon

Dans un message qui a enflammé X, Nailwal affirme n’avoir reçu « aucun soutien direct » de l’Ethereum Foundation tout en ayant choisi de rester dans le giron d’Ethereum, choix qu’il estime coûteux pour la valorisation de Polygon.

Le propos a trouvé un écho immédiat dans la communauté, où la question du statut de Polygon revient comme un boomerang à chaque pic de tension.

Au-delà du ton, l’attaque vise une perception tenace : Polygon serait traité comme une sidechain utile mais périphérique, et non comme une brique à part entière de l’échelle Ethereum. L’accusation touche un nerf sensible, car elle oppose symbolique et réalité d’usage.

Ce que Polygon met sur la table

Polygon revendique des apports concrets : le développement early de la zkEVM, des investissements sur l’ingénierie ZK autour de l’équipe de Jordi Baylina, l’hébergement d’applications très actives comme Polymarket, et une feuille de route d’agrégation de liquidité à travers AggLayer.

Sur le terrain, cela se traduit par du trafic, des frais, des outils pour les builders.

Les prises de position de développeurs proches d’écosystèmes concurrents, parfois acerbes, entretiennent la confusion sur ce que Polygon est et n’est pas. Dans ce contexte, la charge de Nailwal n’est pas qu’un cri du cœur.

C’est une bataille d’image qui pèse sur le recrutement, les partenariats et la confiance des utilisateurs. Un statut flou finit par coûter, même quand les métriques opérationnelles vont dans le bon sens.

La réponse de Vitalik

Vitalik Buterin a tenté d’apaiser les choses, en rendant hommage à la fois à Polygon et au travail personnel de Nailwal, citant notamment le rôle de Polymarket et les progrès sur la zkEVM.

Il a toutefois rappelé un point clé : pour bénéficier des garanties de sécurité attendues d’un layer 2 Ethereum, il faut un système de preuves.

Les utilisateurs veulent de la vitesse et des frais bas, mais les intégrateurs et institutionnels exigent des garanties formelles. La balle est donc dans le camp de Polygon sur la manière d’emmener son stack PoS vers un cadre de preuves compatible avec ces attentes, sans casser ce qui fonctionne déjà.

Un malaise plus large autour de la gouvernance Ethereum

Plus tôt dans l’année, le développeur Eric Conner avait quitté l’écosystème en pointant des désaccords de leadership. Ces épisodes ne scellent pas un verdict, mais ils nourrissent la perception d’un centre de gravité disputé.

Et quand la météo de marché se dégrade, ces débats internes pèsent davantage sur l’ambiance et les choix des builders. La suite se joue sur des choses très concrètes.

D’un côté, Polygon doit montrer comment il coche, noir sur blanc, les cases techniques qui referment la polémique sur son statut. De l’autre, l’EF gagnerait à clarifier sa boussole vis-à-vis des stacks qui amènent des millions d’utilisateurs dans l’orbite Ethereum.

À défaut, les réseaux voisins tendront la main, et la politique d’écosystème deviendra un sujet de marché à part entière. Pour l’heure, une certitude : ce débat ne se réglera pas à coups de slogans, mais à la faveur de décisions techniques visibles et d’un minimum de diplomatie publique.

Nailwal n’a pas encore répondu aux commentaires de Vitalik Buterin concernant les solutions techniques proposées.


À lire aussi :

Actualités
Emmanuel Roux

Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.

Articles similaires