Le Kazakhstan lance un fonds crypto d’État avec Binance

Le Kazakhstan accélère sur la crypto. Le pays lance l’Alem Crypto Fund, un véhicule public géré depuis l’AIFC et démarré avec un premier achat de BNB en partenariat avec Binance Kazakhstan. Cap affiché : bâtir des réserves d’actifs numériques de long terme, et ancrer une stratégie nationale déjà visible avec un stablecoin en tenge et un hub réglementaire actif.

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Dernière mise à jour 3 mins lecture
Le Kazakhstan lance un fonds crypto d’État avec Binance

Pour Résumer

  • Le Kazakhstan lance l’Alem Crypto Fund avec un premier achat de BNB aux côtés de Binance.
  • Objectif : bâtir des réserves on-chain durables et tester la gouvernance numérique.
  • Après le stablecoin KZTE, le pays confirme sa stratégie crypto nationale.

Un fonds public qui démarre avec du BNB

L’Alem Crypto Fund est piloté par le ministère de l’Intelligence artificielle et du Développement numérique, opéré par Qazaqstan Venture Group au sein de l’AIFC. Le choix de BNB pour le premier ticket sert surtout à tester la tuyauterie et les processus de gouvernance on-chain, dans un cadre où Binance coopère avec Nur-Sultan depuis 2022 sur la réglementation.

Réserves stratégiques, pas de trading au jour le jour

Le message officiel est clair : ce fonds vise des positions durables, pas des paris tactiques. En effet, côté méthode, l’État cherche une allocation compatible avec la conformité locale et les usages institutionnels, en s’appuyant sur l’écosystème AIFC pour la conservation, l’audit et la traçabilité.

La logique est celle d’un « trésor numérique » : diversifier une part des réserves, apprendre à régler et à comptabiliser des actifs on-chain, et se doter d’une capacité d’intervention si les rails crypto deviennent critiques dans le commerce régional.

Le calendrier s’inscrit dans une séquence où le président Kassym-Jomart Tokaïev a appelé en 2024 à plus de transparence et où 36 plateformes non licenciées ont été fermées.

En mai 2025, le pays a aussi annoncé « CryptoCity », une zone pilote autorisant les paiements en actifs numériques.

Après KZTE, un usage domestique se dessine

Le lancement du fonds survient moins d’une semaine après KZTE, stablecoin en tenge kazakh émis sur Solana avec Mastercard, Intebix et Eurasian Bank. Cette brique comble un besoin simple : régler en devises locales avec les propriétés de finalité rapide et de faible coût d’un réseau L1.

Un pays déjà rôdé aux sujets crypto… et des questions à venir

En effet, le Kazakhstan a l’habitude des infrastructures crypto. En 2021, il pointait par ailleurs au deuxième rang mondial du hashrate Bitcoin, avant de resserrer les règles pour maîtriser l’empreinte énergétique et la fiscalité.

Le partenariat avec Binance remonte à 2022, via un protocole d’accord pour aider le ministère du Numérique à écrire un cadre opérationnel. Depuis, la trajectoire est lisible : un AIFC qui attire des acteurs régulés, un stablecoin local pour la vie réelle, et désormais un fonds d’État pour apprendre à tenir des réserves on-chain.

Reste donc la répartition d’actifs à moyen terme. BTC et ETH sont pressentis pour occuper une place de choix, BNB servant d’appoint dans l’écosystème domestique.

Les autorités devront aussi baliser la comptabilité publique de ces positions, définir les contreparties de conservation et préciser la doctrine d’intervention en cas de volatilité extrême.

Sur le plan géopolitique, l’initiative rapproche le Kazakhstan d’un club naissant de pays testant des réserves en actifs numériques. El Salvador a d’ailleurs ouvert la voie en 2021 avec son portefeuille BTC.

D’autres États, du Bhoutan au Brésil, explorent donc des dispositifs plus discrets, souvent adossés à des revenus miniers ou à des fonds publics.

La différence kazakhe tient à l’empilement cohérent des briques : un cadre AIFC, un stablecoin en monnaie locale et un fonds qui peut, à terme, investir aussi dans l’infrastructure elle-même, de la tokenisation d’obligations aux rails de règlement pour exportateurs.


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Emmanuel Roux

Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.

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