L’euro-stablecoin à l’honneur : les ministres des finances de la zone euro veulent booster l’émission locale
Cette semaine, un sujet stratégique a tenu en haleine les ministres des finances de la zone euro : le développement d’un stablecoin adossé à l’euro. Quels sont ses enjeux ? Pourquoi en parler maintenant ? Quel serait son but ? C’est ce que nous verrons dans cet article.
Par Emmanuel RouxDernière mise à jour
3 mins lecture
Pour Résumer
Les ministres des Finances de la zone euro veulent lancer des stablecoins en euro pour renforcer la souveraineté monétaire.
Des mesures politiques et réglementaires visent à encourager leur adoption par le marché.
Le projet reste en discussion mais s’inscrit dans la stratégie européenne de leadership en finance numérique.
La souveraineté monétaire numérique en jeu
Faisons un premier point sur la situation. Aujourd’hui, plus de 90 % des stablecoins en circulation sont libellés en dollars. Parmi eux, on compte notamment Tether (USDT) ou USD Coin (USDC).
L’économie numérique mondiale est donc clairement dominée par les cryptos américaines. Cela a pour conséquence de limiter la capacité des acteurs européens à bénéficier de solutions financières adaptées à leur marché.
Un stablecoin adossé à l’euro serait donc la solution toute trouvée. Il permettrait de réduire cette dépendance au dollar américain, tout en renforçant la souveraineté monétaire européenne.
En d’autres termes : il s’agit de corriger ce déséquilibre et offrir une alternative européenne crédible.
Et c’est peut-être là une des difficultés : assurer la crédibilité. En effet, les investisseurs doivent voir un avantage à se diriger vers ces nouveaux stablecoins.
Les ministres des Finances tentent donc de mettre en place des mesures incitatives pour stimuler l’émission locale. Il s’agit de créer un environnement favorable aux stablecoins adossés à l’euro, pour que ceux-ci puissent rivaliser avec les acteurs outre-Atlantique.
Ces bénéfices pourraient ainsi comprendre des avantages fiscaux et la simplification de certaines procédures réglementaires. Sans oublier l’encouragement à la collaboration entre banques et fintechs.
Parallèlement à ces discussions, la Banque centrale européenne travaille à la création d’un euro numérique. Si le projet progresse lentement et reste principalement destiné aux transactions de détail, il pourrait cependant permettre d’établir un pont vers la finance décentralisée.
La souveraineté européenne en jeu
Un des enjeux de l’élaboration de ces nouveaux stablecoins est qu’il ne s’agit pas seulement d’une question économique, mais aussi politique.
Il en va de la souveraineté de l’Europe dans le secteur de la finance mondiale. Pour l’instant, le secteur est dominé par les États-Unis, mais aussi par la Chine qui est en train de développer son yuan numérique.
C’est pourquoi l’Union européenne essaie d’accélérer le pas pour ne pas être en reste. Elle souhaite préserver son autonomie monétaire, jouer un rôle actif dans la finance numérique mondiale et offrir des opportunités sécurisées à ses ressortissants.
L’initiative des stablecoins adossés à l’euro s’inscrit donc dans un contexte plus large d’attention portée aux crypto-actifs.
Le règlement MiCA, mis en place en décembre 2024, vient en effet encadrer leur émission et leur circulation dans l’Union européenne. La réglementation insiste ainsi sur les besoins en transparence et en sécurité.
Autre défi : les doutes sur le succès de l’initiative, qui ne dépendra que de l’adhésion des acteurs du marché. La demande existe, comme cela a été prouvé lors de précédents projets de lancement de stablecoins en euro, tels que EUROC ou Stasis EURS. Cependant, l’adoption massive se fait attendre.
C’est pourquoi il faut une forte implication politique et réglementaire, pour favoriser l’innovation tout en montrant que les investissements sont sécurisés.
Mais pour l’instant, l’heure n’est finalement qu’aux discussions. La prochaine étape sera donc de savoir comment les régulateurs et les émetteurs traduiront ces intentions en projets concrets.
Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité.
En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.
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