Lobbying crypto et pardon présidentiel : la stratégie choc de Binance dévoilée
Le monde de la crypto n’en finit plus de surprendre. Après des mois de silence médiatique et une réputation ternie par des scandales, Binance revient sur le devant de la scène américaine. Et pas n’importe comment : grâce à un mélange explosif de lobbying intensif, de réseaux politiques bien placés et d’un pardon présidentiel signé Donald Trump.
Par Emmanuel RouxDernière mise à jour
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Binance a mené une campagne de lobbying intense auprès de proches de Donald Trump pour obtenir le pardon de CZ.
Le pardon présidentiel symbolise une alliance controversée entre pouvoir politique et industrie crypto.
Cette décision marque un changement majeur dans la politique américaine envers les cryptomonnaies.
Une campagne de lobbying ciblée et agressive
Dès février 2025, Binance et son fondateur Changpeng Zhao, alias CZ, ont lancé une offensive bien planifiée, selon Politico. Ils ont recruté Teresa Goody Guillén, une avocate reconnue dans le milieu de la crypto. Fait intéressant : Trump l’avait un temps envisagée pour diriger la SEC. Son rôle ? Obtenir le pardon présidentiel de CZ.
Quelques mois plus tard, en septembre, la campagne a pris une tournure décisive. Binance a alors fait appel à Ches McDowell et à son cabinet, Checkmate Government Relations.
Encore une fois, ce nom ne sort pas de nulle part : McDowell est un ami proche de Donald Trump Jr. Pour son travail d’influence auprès de la Maison-Blanche et du Trésor, Binance a déboursé 450 000 dollars… en un seul mois, selon un rapport.
D’après d’autres sources, la campagne d’influence se plafonne même jusqu’à une somme colossale de 740 000 dollars.
Et cette stratégie d’influence a payé. Après des mois d’efforts discrets, le 22 octobre 2025, Donald Trump a signé le pardon présidentiel de CZ. Ce revirement contraste fortement avec la période post-condamnation de Binance, qui avait cessé presque entièrement ses dépenses de lobbying.
Les dessous d’un pardon très politique
Officiellement, la Maison-Blanche a justifié cette décision en dénonçant une « guerre contre la crypto » menée par le gouvernement de Biden. Selon la porte-parole Karoline Leavitt, la condamnation de CZ était « excessive » et le président Trump voulait « corriger une injustice ».
Mais en coulisses, cette décision soulève de nombreuses questions. Beaucoup y voient une alliance douteuse entre le pouvoir politiqueet les géants de la crypto. Et pour cause : les liens entre la famille Trump et Binance sont loin d’être anodins.
La plateforme crypto de la famille Trump, World Liberty Financial, est directement hébergée sur Binance. De plus, un fonds d’investissement émirati aurait injecté 2 milliards de dollars dans un projet basé sur le stablecoin de World Liberty, toujours via Binance. Ce montage financier aurait largement profité aux affaires de la famille Trump.
Face à cela, les critiques se multiplient. Du côté démocrate, Elizabeth Warren dénonce une « corruption flagrante ». Même certains proches de Trump s’en inquiètent. L’entrepreneur Joe Lonsdale, pourtant conservateur, estime que le président a été mal conseillé et que ces pardons donnent une impression de fraude généralisée.
Dans ce climat politique tendu, Binance poursuit néanmoins ses ambitions avec le lancement de BPay USD, un nouveau stablecoin qui renforce sa présence sur le marché américain.
Un lourd passé réglementaire et un avenir transformé
Par ailleurs, il ne faut pas oublier pourquoi CZ avait été condamné. Fin 2023, Binance et son PDG avaient plaidé coupables d’avoir ignoré les lois américaines sur le blanchiment d’argent.
En effet, l’accord signé avec les autorités a coûté 4,3 milliards de dollars à Binance. De son côté, CZ a payé 50 millions de dollars et a dû démissionner de son poste de PDG. Il avait aussi été banni à vie de toute fonction dirigeante chez Binance.US.
Sa condamnation à quatre mois de prison était historique : c’était la première fois qu’un dirigeant était emprisonné pour une infraction liée au Bank Secrecy Act.
Le pardon présidentiel change désormais tout. Il efface sa condamnation fédérale et pourrait lever les restrictions qui l’empêchaient de diriger une entreprise financière. CZ pourrait donc, en théorie, revenir aux commandes de Binance.
Mais au-delà de son cas personnel, ce pardon marque un tournant majeur. Il symbolise à la fois le retour en grâce de CZ, la montée en puissance du lobbying crypto à Washington et un virage clair de la politique américaine envers ce secteur.
Ce regain d’élan s’ajoute à d’autres signaux positifs pour Binance, notamment l’imminent feu vert accordé à Gopax, qui consolide sa position stratégique en Asie.
Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité.
En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.
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