Strategy au coeur de la tourmente : Michael Saylor ne vend pas

Michael Saylor se retrouve de nouveau au centre de la tempête. L’action Strategy plonge, une alerte on-chain surgit, et une rumeur de vente massive de bitcoins enflamme le marché. En quelques heures, MSTR retombe vers ses plus bas annuels et la panique gagne les investisseurs. Pourtant, Saylor jure qu’il ne vend pas un satoshi et affirme continuer d’acheter.

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Dernière mise à jour 5 mins de lecture
Strategy au coeur de la tourmente : Michael Saylor ne vend pas

Pour Résumer

  • Une rumeur partie d’Arkham fait croire à la vente de 47 000 BTC par Strategy, alors que l’action MSTR plonge déjà lourdement.
  • Michael Saylor dément, affirme continuer d’acheter du Bitcoin et s’appuie sur plus de 640 000 BTC en réserve pour défendre sa stratégie.
  • Le marché, échaudé par la macro et la chute des cryptos, ne paie plus la prime sur MSTR, tandis que les actionnaires subissent un levier sans véritable bonus.

Une panique née d’une ligne on-chain

Cette semaine, l’action MSTR, dont le ticker correspond à Strategy, la société de Michael Saylor, a perdu plus de 22 %. Depuis des mois, les baisses s’accumulent. Mais cette fois, l’action MSTR retombe à son plus bas depuis plus d’un an. 

Tout a commencé quand Arkham a signalé de gros mouvements sur des portefeuilles liés à Strategy. Une rumeur partie d’Arkham suggère alors la vente d’environ 47 000 BTC.

Ensuite, le contexte n’aide vraiment pas. En effet, en quelques semaines, Bitcoin est passé de 126 000 à 96 000 dollars, soit une baisse d’environ 24 %. En parallèle, Strategy recule déjà de 57 % depuis le mois de juillet.

Dès lors, chaque nouvelle mauvaise nouvelle agit comme une étincelle dans un marché saturé de peur.

Par ailleurs, la taille de la position de Strategy nourrit les angoisses. L’entreprise détient plus de 640 000 Bitcoin, soit près de 3 % de la supply.

Beaucoup d’investisseurs imaginent alors un déluge de ventes si Saylor capitule. Pourtant, les données d’Arkham ne distinguent pas clairement transferts internes et ventes réelles.

De plus, Strategy réorganise régulièrement ses actifs pour des raisons opérationnelles et de sécurité.

Ces mouvements internes restent fréquents dans les grandes trésoreries crypto. Ainsi, un simple transfert entre wallets peut ressembler à une sortie vers un exchange.

La rumeur de 47 000 BTC vendus repose donc sur une interprétation, pas sur une vente confirmée.

L’épisode Strategy illustre parfaitement la vitesse à laquelle une lecture erronée peut secouer un titre déjà fragilisé. Les investisseurs ne retiennent que la mauvaise nouvelle, et oublient complètement le démenti.

Le prix de l’action chute alors sans reprendre de force par la suite. 

Saylor défie les rumeurs et affirme ses convictions

Dès le début de la tourmente, Michael Saylor réagit publiquement. Sur X, il rappelle : « We bought bitcoin every day this week ».

Ensuite, il intervient sur CNBC pour rappeler son message : « We are buying. We’re buying quite a lot ». Autrement dit, il ne vend pas, il accélère son accumulation de Bitcoin.

Par conséquent, Saylor s’attaque directement au cœur de la rumeur. Il promet que Strategy publiera ses prochains achats dès lundi, chiffres à l’appui.

Ainsi, il veut transformer un épisode de panique en preuve que Strategy a toujours autant de conviction.

Le tableau de bord officiel de Strategy continue d’ailleurs d’afficher plus de 640 000 BTC en réserve, ce qui ne va pas avec l’idée d’une vente massive.

Pour Michael Saylor, chaque correction du Bitcoin devient une occasion potentielle pour recharger. L’action reste extrêmement volatile, mais fidèle à une conviction simple : convertir le maximum de dollars en BTC.

Toutefois, le marché ne suit plus Saylor les yeux fermés. Strategy vaut désormais à peine plus que la valeur de ses bitcoins, parfois même moins. Avant, l’action se payait avec une grosse prime par rapport à ce que valent ces BTC.

Maintenant, cette marge se réduit fortement, voire disparaît. Les actionnaires gardent le risque du levier, mais sans le “bonus” d’autrefois.

Ensuite, les vendeurs à découvert jouent un rôle ambigu. Certains « short sellers » ferment leurs positions après la plongée de MSTR. D’autres continuent de parier sur l’épuisement du modèle ultra-leveragé de Saylor.

En pratique, l’action reste un proxy sur Bitcoin, mais avec un supplément de risque lié à la dette, aux émissions d’actions et à la confiance dans le management.

Enfin, Saylor mise aussi sur le temps. Il répète que son horizon de temps est annuel, voire pluriannuel, et pas trimestriel. Ainsi, il assume une forte volatilité de court terme pour viser un Bitcoin beaucoup plus haut.

Pourtant, les investisseurs de Strategy, eux, voient le marché des cryptomonnaies chuter depuis plusieurs semaines déjà. Ils encaissent une chute plus violente que celle de BTC, dans un contexte macro déjà fragile.

En effet, le shutdown de l’administration américaine, même s’il est aujourd’hui terminé, a beaucoup fragilisé la confiance des investisseurs.

En effet, la Fed n’a pas eu les données nécessaires à ses prises de décisions pendant plusieurs semaines. Cela n’est pas positif pour les investisseurs, qui naviguent littéralement à vue. 

En somme, l’affaire Strategy montre comment une rumeur mal interprétée peut faire couler encore plus un titre déjà sous pression.

Les données on-chain d’Arkham ont suffi à déclencher une panique, alors que Saylor continuait d’acheter du Bitcoin.

Par ailleurs, le marché sanctionne désormais plus durement le levier et les promesses de long terme.

Nous avons bien vu que depuis des semaines, les positions en levier sont systématiquement liquidées, lors d’épisodes dont la volatilité est particulièrement violente.

En pratique, la stratégie de Michael Saylor, qui est simplement d’accumuler toujours plus de Bitcoin, reste intacte, mais elle devient un test pour la patience des actionnaires.

En effet, la conjoncture économique globale, que ce soit dans les cryptomonnaies ou dans la finance dite traditionnelle, est plutôt négative ces derniers temps. Nous verrons donc la suite pour le cours de l’action MSTR ces prochaines semaines.


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Emmanuel Roux

Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.

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