L’Allemagne veut faire du Bitcoin une réserve stratégique : un tournant historique pour l’Europe ?
L’Europe tremble doucement sur ses bases monétaires : l’Allemagne vient de franchir une étape que peu pensaient possible. Le parti politique AfD propose de faire du Bitcoin une réserve stratégique nationale. Derrière la rhétorique populiste, une idée brûlante : replacer le pouvoir monétaire entre les mains d’un actif libre et décentralisé.
L’AfD dépose une motion au Bundestag pour reconnaître le Bitcoin comme technologie stratégique et réserve d’État.
La proposition appelle à créer des réserves publiques de BTC et à supprimer les désavantages fiscaux des cryptos.
L’Allemagne pourrait devenir le premier pays européen à institutionnaliser Bitcoin.
Berlin face à la révolution Bitcoin
C’est une annonce qui résonne comme un séisme sur le Vieux Continent. Sous l’impulsion du député Dirk Brandes, l’AfD a déposé une motion au Bundestag pour que l’Allemagne reconnaisse officiellement le Bitcoin comme “technologie stratégique d’avenir”.
L’objectif est clair : “renforcer la responsabilité numérique et promouvoir un système monétaire libre et décentralisé basé sur le Bitcoin.”
Derrière ces mots se cache une proposition ambitieuse. Tout d’abords, créer des réserves publiques de Bitcoin, sur le modèle des réserves d’or détenues par la Bundesbank.
Ensuite, encourager les paiements en BTC dans le secteur public à travers des projets pilotes. Et enfin, supprimer les désavantages fiscaux qui freinent encore aujourd’hui l’adoption des cryptomonnaies.
Un virage qui, s’il se concrétise, ferait de l’Allemagne le premier pays européen à donner un statut institutionnel à Bitcoin.
Une stratégie économique… et politique
L’Allemagne n’en est pas à son premier flirt avec le Bitcoin. En 2021 déjà, certains Länder avaient ouvert la porte à l’investissement crypto pour les fonds institutionnels. Mais cette fois, le ton est différent : on parle d’une réserve stratégique nationale, une idée jusqu’ici cantonnée aux pays d’Amérique latine.
Pourquoi maintenant ? Parce que le pays est à la croisée des chemins. Inflation persistante, perte de compétitivité industrielle et défiance envers la BCE. Pour certains élus, le Bitcoin pourrait représenter une “assurance monétaire” face à l’euro.
Et si l’Allemagne décidait de consacrer ne serait-ce qu’1 % de ses réserves à Bitcoin, cela représenterait des dizaines de milliards injectés sur le marché.
Pour les investisseurs, ce scénario suffirait à créer un choc d’offre immédiat. Car rappelons-le : l’Allemagne détient déjà un certain nombre de BTC issus de saisies judiciaires, en partie liquidés cet été. Si ces bitcoins étaient requalifiés en “réserve nationale”, la narration de marché changerait du tout au tout.
Une onde de choc potentielle en Europe
Ce mouvement allemand ne se limite pas à la symbolique. Il s’agit d’un test grandeur nature pour l’Union européenne, où la régulation MiCA est en train d’encadrer les cryptos sous un prisme étatique. Berlin, en reconnaissant Bitcoin comme actif stratégique, pourrait créer un précédent audacieux pour la centralisation monétaire européenne.
Et ce n’est pas un hasard si la proposition évoque explicitement le refus de devenir “un État de surveillance”. Dans un climat de méfiance vis-à-vis des monnaies numériques de banque centrale (MNBC), le message est politique autant qu’économique.
Un parti souverainiste qui brandit Bitcoin comme symbole de liberté monétaire, c’est une première. Et cela pourrait forcer les autres formations, y compris les plus modérées, à se positionner.
Les marchés, eux, ont déjà réagi : dans les heures qui ont suivi la diffusion de la motion, Bitcoin a brièvement rebondi de 2 %, preuve que le narratif “État accumulateur” reste un puissant catalyseur psychologique.
Bitcoin, l’arme douce de la souveraineté numérique
Si le projet venait à aboutir, il pourrait bouleverser la hiérarchie mondiale des puissances crypto. L’Allemagne deviendrait le premier État européen à posséder officiellement du Bitcoin en réserve, au même titre que l’or ou les bons du Trésor.
Pour les maximalistes, c’est la consécration d’une idée née il y a 15 ans : celle d’un actif qui transcende les nations pour devenir le socle d’un système financier plus libre.
Mais au-delà du symbole, le calcul est pragmatique :diversifier ses réserves dans un actif dont la valeur ne dépend d’aucune banque centrale, à l’heure où l’euro tangue, relève autant du bon sens économique que de la provocation politique.
Une stratégie risquée, certes, mais visionnaire. Et si l’Allemagne osait, il y a fort à parier que d’autres suivraient : Autriche, Suisse, peut-être même la France.
Le débat est ouvert : le Bitcoin peut-il vraiment devenir un pilier de la souveraineté européenne ? En lançant cette motion, l’Allemagne ouvre une brèche. Une brèche que les marchés, les investisseurs et les citoyens surveillent de très près.
Car si Berlin décidait d’acheter du Bitcoin pour ses coffres, ce ne serait plus un simple signal. Ce serait le début d’une ère où les États européens eux-mêmes valident le pari de Satoshi.
Journaliste spécialisée dans l’écosystème crypto et Web3, Oriane décrypte l’actualité des marchés, des projets blockchain et des grandes tendances du numérique pour Coinspeaker.
Issu d’une formation en business et passionnée par l’univers décentralisé, elle explore les mutations technologiques, les enjeux économiques et les mouvements sociétaux liés aux cryptomonnaies.
Forte de plusieurs années d’expérience dans la rédaction de contenus web, elle s’est progressivement tournée vers l’univers des actifs numériques, avec un intérêt marqué pour les dynamiques géopolitiques et macroéconomiques qui façonnent ce secteur en constante mutation.
Rédactrice passionnée, son objectif est de décrypter l’actualité du Web3, des blockchains et des marchés numériques pour offrir aux lecteurs des analyses claires, fiables et percutantes
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