FTX n’était pas en faillite ? SBF affirme qu’il restait encore 8 milliards $

Depuis sa cellule, Sam Bankman-Fried affirme que la plateforme n’a jamais été insolvable et qu’il restait, au moment du dépôt de bilan, plus de 8 milliards $ dans les caisses. Selon lui, la panique et la mauvaise gestion du processus judiciaire auraient transformé une crise de liquidité en faillite injustifiée. Une version qui relance le débat sur la véracité du naufrage et la responsabilité réelle de celui qui fut, un temps, le golden boy de la crypto.

Oriane Nyikeine Par Oriane Nyikeine Dernière mise à jour 4 mins de lecture
FTX n’était pas en faillite ? SBF affirme qu’il restait encore 8 milliards $

Pour Résumer

  • Sam Bankman-Fried affirme que FTX n’était pas en faillite et qu’il restait 8 milliards $ d’actifs lors du dépôt de bilan.
  • 98 % des créanciers auraient déjà été remboursés à 120 %, selon l’ancien PDG.
  • Mais les remboursements se basent sur les prix de novembre 2022, bien inférieurs aux valeurs actuelles de BTC et SOL.

SBF tente de réhabiliter FTX

Sam Bankman-Fried, condamné pour fraude et détournement de fonds, continue de plaider sa cause. Dans un message adressé à plusieurs médias crypto, il a assuré que “les 8 milliards $ d’actifs clients n’ont jamais quitté la plateforme”.

Selon lui, FTX n’a jamais été structurellement en faillite, mais victime d’un gel administratif précipité qui aurait bloqué l’accès à des liquidités disponibles.

L’ancien PDG affirme que tous les clients recevront entre 119 % et 143 % de leurs avoirs initiaux. Il précise que 98 % des créanciers ont déjà été payés à hauteur de 120 %. Mieux encore, après avoir couvert les 8 milliards $ de dettes et 1 milliard $ de frais juridiques, la masse restante de la faillite disposerait encore de 8 milliards $ supplémentaires.

Cette sortie est loin d’être anodine. En pleine période de réévaluation de l’affaire FTX, où les remboursements se poursuivent, SBF cherche manifestement à redorer son image. Il se positionne désormais non plus comme le responsable d’un effondrement historique, mais comme la victime d’un emballement collectif et d’une justice aveugle.

Des chiffres flatteurs… mais une réalité plus nuancée

Sur le papier, les chiffres sont spectaculaires. Les actifs actuels de la liquidation de FTX seraient évalués à 136 milliards $, selon les derniers rapports communiqués au tribunal. Ce montant dépasse largement les attentes initiales. Il prouve que la plateforme possédait bien plus que ce que beaucoup imaginaient en novembre 2022.

Mais un point crucial change la donne. Les liquidateurs ont calculé les remboursements en se basant sur les prix des cryptoactifs au moment du dépôt de bilan, une période où le marché était en pleine capitulation.

Bitcoin s’échangeait alors autour de 16 000 $, Ethereum oscillait à 1 100 $, et Solana valait à peine 10 $. Aujourd’hui, les prix ont triplé, voire quintuplé selon les cas.

Concrètement, si FTX remboursait un utilisateur qui détenait 10 BTC à l’époque sur la base d’une valeur de 160 000 $, ces mêmes BTC vaudraient aujourd’hui plus de 400 000 $ s’ils avaient été conservés.

Autrement dit, les créanciers ont récupéré la valeur nominale de leurs avoirs, mais pas la valeur réelle actuelle, ce qui revient à dire qu’ils ont perdu une fortune potentielle à cause du timing juridique.

ZachXBT, enquêteur réputé de l’écosystème, a immédiatement réagi : “Oui, FTX rembourse à 120 %, mais c’est 120 % de 2022, pas de 2025. Ceux qui avaient du Bitcoin, de l’Ethereum ou du Solana ont été floués une deuxième fois.”

Une stratégie de communication bien calculée

Derrière cette déclaration, difficile de ne pas voir un coup de communication stratégique. Sam Bankman-Fried, en détention depuis sa condamnation, cherche à réécrire la fin de l’histoire. Il veut prouver qu’il n’a jamais cherché à frauder, qu’il n’a jamais “volé” l’argent des clients et qu’il aurait pu éviter la faillite.

Il s’appuie sur un argument simple. FTX aurait été victime d’une « crise de liquidité temporaire ». La panique du marché et les retraits massifs, provoqués par les révélations d’Alameda Research, auraient aggravé la situation. Pour lui, la plateforme n’était pas une pyramide de Ponzi, mais un empire déstabilisé par une perte de confiance brutale.

Certains observateurs y voient une tentative de préparer le terrain pour un appel judiciaire. D’autres estiment qu’il s’agit d’un simple exercice de contrôle narratif. Dans les deux cas, SBF joue avec les perceptions, cherchant à transformer une faillite historique en un simple “malentendu technique”.

Une leçon très amère pour le marché

L’affaire FTX dépasse à présent le simple cadre judiciaire. Elle pose une question fondamentale à savoir : la crypto peut-elle encore croire à la transparence ? En effet, même avec des bilans corrigés, des remboursements records et une remontée miraculeuse, la confiance perdue, elle, ne se rachète pas.  BF, quant à lui, semble convaincu du contraire.

En déclarant que FTX “n’a jamais été insolvable, il tente de se replacer dans le débat économique, voire potentiellement à réhabiliter sa réputation. Toutefois, dans un marché où la mémoire collective reste vive, le pardon paraît pour le moins difficile.

Sam Bankman-Fried tente d’expliquer son point de vue :  “Je n’ai pas détruit FTX, j’ai été dépassé par le système.”  Mais du côté de la communauté, le verdict reste inchangé. Même si les chiffres mentent moins aujourd’hui, la confiance, elle, ne se rembourse toujours pas en dollars.


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Oriane Nyikeine

Journaliste spécialisée dans l’écosystème crypto et Web3, Oriane décrypte l’actualité des marchés, des projets blockchain et des grandes tendances du numérique pour Coinspeaker. Issu d’une formation en business et passionnée par l’univers décentralisé, elle explore les mutations technologiques, les enjeux économiques et les mouvements sociétaux liés aux cryptomonnaies. Forte de plusieurs années d’expérience dans la rédaction de contenus web, elle s’est progressivement tournée vers l’univers des actifs numériques, avec un intérêt marqué pour les dynamiques géopolitiques et macroéconomiques qui façonnent ce secteur en constante mutation. Rédactrice passionnée, son objectif est de décrypter l’actualité du Web3, des blockchains et des marchés numériques pour offrir aux lecteurs des analyses claires, fiables et percutantes

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