La nouvelle est simple et lourde de sens : le Japon a désormais son stablecoin adossé au yen, émis par JPYC. Garanti 1:1 par des dépôts bancaires et des obligations d’État, opérationnel via une plateforme dédiée, et déjà courtisé par des acteurs locaux.
Par Emmanuel RouxDernière mise à jour
4 mins de lecture
Pour Résumer
JPYC lance un stablecoin indexé sur le yen, émis et rachetable en JPY via une plateforme régulée.
L’objectif est de simplifier les paiements du quotidien et les transferts entre entreprises.
Si la liquidité s’installe, le yen onchain pourra aussi servir aux paiements internationaux.
JPYC démarre fort : un yen onchain garanti
Dans un marché dominé par les dollars onchain, l’arrivée d’un yen numérique pensé pour l’usage du quotidien change la donne. Les signaux sont clairs : le pays veut une place dans l’infrastructure mondiale des paiements crypto.
Le jeton s’appelle JPYC, comme l’émetteur. Il suit le yen au centime près, avec une réserve en dépôt et en dette souveraine.
Le lancement n’est pas un simple communiqué. C’est un vrai démarrage produit, avec un pipeline d’émission et de rachat prévu pour encaisser la demande.
🚨JAPANESE YEN STABLECOIN IS HERE!
🇯🇵Startup JPYC will launch the world’s first yen-pegged stablecoin, fully backed by Japanese savings and government bonds. pic.twitter.com/hd8tdVBAbR
Dans l’écosystème, l’argument est lisible : offrir une monnaie numérique de règlement en yen, stable, traçable, et exploitable sans dépendre de l’inertie bancaire.
Alors que les stablecoins en dollar captent l’écrasante majorité des flux, le Japon joue une carte différente : un actif local réglementé, qui parle aux commerçants et aux apps du pays.
Premier effet attendu : faciliter les encaissements domestiques et les transferts B2B sans friction de change. Deuxième effet, plus ambitieux : poser un standard pour des paiements cross-border où le yen ne serait plus cantonné aux corridors bancaires historiques.
Sous le capot : JPYC EX, une usine d’émission et de rachat
L’émetteur associe au jeton une plateforme verticale, JPYC EX, qui orchestre dépôt en JPY, mint onchain, puis rachat et remboursement en yen sur compte déclaré. L’identité est vérifiée, les flux sont journalisés, les contrôles relèvent de la conformité locale.
Dit autrement, c’est une porte d’entrée régulée entre fiat et onchain. Elle est pensée pour des volumes récurrents plutôt que des coups d’éclat.
Concrètement, un utilisateur crédite un compte en banque, renseigne un wallet et reçoit ses JPYC. Il peut par la suite les restituer sans passer par des marketplaces opaques.
Ce modèle rassure les entreprises qui veulent automatiser factures, salaires ou règlements fournisseurs en stablecoin, tout en gardant une piste d’audit propre.
Pour l’écosystème Web3, c’est une brique de plus pour brancher des paiements en yen dans des apps de commerce, des jeux ou des services de micro-rémunération.
Concurrences et alliances : la bataille du yen onchain ne fait que commencer
Le lancement attire déjà des intégrations. Des sociétés locales se positionnent pour brancher JPYC à leurs services, preuve que la demande dépasse la curiosité.
En parallèle, d’autres acteurs affûtent leurs armes. Monex prépare son propre stablecoin en yen.
Les méga-banques japonaises poussent un cadre d’émission via la plateforme Progmat. Et le dollar onchain n’a pas dit son dernier mot, l’USDC ayant déjà gagné ses galons au Japon ces derniers mois.
La question devient moins « qui émet » que « qui s’imbrique le mieux » : dans les wallets, dans les caisses, dans les ERP, dans les apps de consommation. Dans ce contexte, un stablecoin en yen crédible peut capter vite des use cases concrets.
Payer un fournisseur, régler un abonnement, fractionner des paiements à l’intérieur d’une app. Et si les passerelles vers d’autres réseaux sont fluides, le yen onchain n’a pas besoin de rester domestique.
À quoi s’attendre côté usage : de la caisse au cross-border
Le premier terrain, c’est le retail. Un commerçant qui peut accepter du JPYC via un wallet compatible, comptabiliser ses encaisses à l’unité, puis reconvertir en yen bancaire en fin de journée.
Le deuxième, c’est le B2B : règlements fournisseurs et cash management entre filiales, avec un stablecoin qui s’insère dans des workflows existants. Le troisième, c’est la finance programmable avec cash-backs, micro-paiements, paiements d’abonnement et versements en jeu.
Avec un stablecoin natif du pays, la compatibilité culturelle et réglementaire fait gagner du temps. Reste l’international.
Là, tout se joue sur les ponts et la liquidité. Si JPYC agrège rapidement des pools profonds et des partenaires de règlement, il peut devenir un outil de trésorerie pour importateurs et exportateurs qui veulent neutraliser le change à moindre coût.
En bref, le Japon met un pied ferme dans la monnaie programmable. Le marché des stablecoins a grossi en parlant dollar.
Il va mûrir en parlant local. Et quand les rails s’alignent, ce ne sont pas les communiqués qui font la différence, ce sont les usages.
JPYC vient d’ouvrir la porte. Les banques japonaises, de leur côté, se préparent également à intégrer davantage les cryptomonnaies dans leurs opérations, renforçant ainsi l’écosystème digital du pays.
Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité.
En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.
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