Des subprimes à l’IA : le nouveau pari contrarien de Michael Burry

Michael Burry revient avec un pari audacieux. Après avoir gagné sa réputation pendant la crise des subprimes, il cible désormais l’euphorie IA. Son message est simple : attention aux excès. Les marchés, eux, accusent le coup.

Emmanuel Roux Par Emmanuel Roux Dernière mise à jour 5 mins de lecture
Des subprimes à l’IA : le nouveau pari contrarien de Michael Burry

Pour Résumer

  • Burry cible Nvidia et Palantir via ~1,1 Md$ de puts.
  • Palantir a fléchi après la révélation de la position, tandis que le débat s’est enflammé.
  • Pari contrarien : couverture contre l’excès d’optimisme IA.

Michael Burry, le héros du film « The Big Short » a-t-il toujours raison ?

Tout d’abord, il est important de rappeler qui est Michael Burry. Ce dernier s’est fait connaître en détectant la crise des subprimes avant que celle-ci n’éclate au grand jour.

Son histoire a inspiré le livre et le film « The Big Short », qui reviennent sur sa stratégie face à la bulle immobilière qui a touché les États-Unis à la fin des années 2000.

Michael Burry avait décidé d’aller contre toutes les opinions et avait shorté le marché immobilier américain. Cette décision était complètement folle et à contre-courant à l’époque.

Ce succès retentissant a mis en lumière ce gérant de hedge fund. Depuis, ses avertissements sont très observés dans le milieu financier.

Toutefois, il convient de dire qu’il a souvent publié des alertes excessives par le passé, parfois trop tôt. Il n’a donc pas été infaillible car il a déjà mis en garde contre des bulles qui n’ont pas éclaté immédiatement.

Or avoir raison trop tôt, c’est avoir tort.

Michael Burry a une méthode très rigoureuse, mais le marché peut parfois rester irrationnel plus longtemps que ce que l’on peut prévoir.

Michael Burry dirige le hedge fund Scion Asset Management. Il communique de façon assez spéciale sur X (anciennement Twitter), de manière très irrégulière et cryptique.

Cela va avec son personnage de génie incompris, aux pensées contrariennes. Néanmoins, ses positions changent parfois au gré du cycle.

Ce dernier disparait parfois pour se couper du bruit, puis revient avec une opinion différente.

Il faut dire que Michael Burry fait à présent partie de l’imaginaire collectif financier. Il a un écho médiatique bien plus important que d’autres gérants de fonds.

Le gérant de hedge fund avait été parfaitement incarné par Christian Bale dans le film « The Big Short ». Il est resté dans les mémoires comme quelqu’un de charismatique et de très intelligent.

Ce type de personnage à l’esprit contrarien n’est pas sans rappeler Roaring Kitty (Keith Gill). Il est le représentant des particuliers qui ont parié à la hausse sur l’action GameStop.

Les deux remettent en cause le consensus.

Aujourd’hui, Michael Burry met un coup de pied dans la fourmilière en s’attaquant aux valorisations impressionnantes des actions Nvidia et Palantir, les deux géants de l’IA.

Le pari audacieux de Michael Burry : un autre « big short » sur Nvidia et Palantir

Scion Asset Management a acheté des puts (paris à la baisse sur le prix d’un actif) très conséquents sur deux actions symbolisant l’IA : Nvidia et Palantir.

Les valeurs officielles de ces positions sont importantes : 1 million d’actions Nvidia, et 5 millions d’actions Palantir.

En outre, on parle de plus d’un milliard de dollars parié contre les plus grosses entreprises du narratif de l’intelligence artificielle.

Michael Burry frappe fort en visant ces deux géants de l’IA.

D’une part, Nvidia semble inarrêtable : la société propose des GPU qui alimentent les data centers et entraînent les modèles d’IA. Sa croissance est hors norme.

Palantir, quant à lui, surfe sur la demande d’IA appliquée avec des contrats dans la défense, la santé, et beaucoup d’autres types d’industries.

Les dépôts réglementaires ont confirmé les positions qu’avait prises Scion Asset Management.

Ce signal a pesé sur les cours, en tout cas à court terme.

Depuis lundi dernier (3 novembre 2025), le cours de Palantir a perdu plus de 18 %, passant de 207 $ à 168 $.

Nvidia, quant à lui, a perdu plus de 15 % de sa valeur, en passant de 211 $ à 178 $.

Il est clair que les valeurs technologiques américaines sont très hautes.

Le NASDAQ a enchaîné ATH sur ATH depuis des mois. L’indice technologique connaît enfin une baisse depuis une semaine.

Il ne s’agit potentiellement que d’une respiration de marché, et peut-être pas de l’éclatement d’une bulle à proprement parler.

La direction de Palantir a d’ailleurs répliqué immédiatement aux attaques de Michael Burry.

Alex Karp, son CEO, a pris la parole et a défendu publiquement la stratégie du géant de l’IA.

Il a jugé qu’il était absurde de parier contre des sociétés qui gagnent de l’argent, et a rejeté l’idée de Michael Burry.

Pour le gérant de Scion Asset Management, l’IA pourrait présenter les caractéristiques d’une bulle. En effet, les entreprises ont des dépenses colossales et des interdépendances circulaires.

Si jamais la demande réelle était amenée à ralentir, ces sociétés pourraient se retrouver dans des situations très délicates.

Cela se ressentirait alors sur le prix des actions, qui baisserait violemment. C’est en tout cas le pari que souhaite faire Michael Burry.

Il faut noter que ce dernier peut mettre du temps à se réaliser.

En effet, une politique de la Fed apaisant l’incertitude économique, ou des bonnes nouvelles géopolitiques, pourraient permettre à la bulle de continuer à grossir sans éclater.

Il faudra donc rester attentif aux mouvements de prix des actions Nvidia et Palantir, pour voir si Michael Burry, a, cette fois aussi, détecté la bulle avant que celle-ci n’éclate.


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Emmanuel Roux

Issu de la finance traditionnelle, j’ai naturellement basculé vers l’univers crypto, attiré par son potentiel. Je souhaite y apporter mon approche analytique et rationnelle, tout en conservant ma curiosité. En dehors de l’écran, je lis beaucoup (économie, essais, un peu de science-fiction) et je prends plaisir à bricoler. Le DIY, pour moi, c’est comme la crypto : comprendre, tester, construire soi-même.

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